®© Du silence au mensonge,
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Du silence au mensonge
Chapitre IV
Ce lundi j’ai un devoir surveillé de maths. Moyen… mes connaissances de l’année précédente m’assureront un treize ou quatorze. Mon esprit reste tourmenté par ce sale week-end. Je m’inquiète pour mon avenir.
Ma vie a si peu de sens…
Je n’ai guère le temps de réagir : en rentrant à la maison, coup de fil d’un certain monsieur Lemire… pour moi !
Je n’ai pu placer que quelques mots mais tout est dit.
Si elle existe, c’est certainement la providence !
Dans le dernier Dalens, Éric citait une phrase de François Mauriac :
« Nous méritons chacune de nos rencontres ».
Je voudrais vraiment que cette rencontre donne sens à cette vie où je m'ennuie.
La journée du mardi me paraît bien longue.
Enfin la dernière heure, enfin la maison. Je guette à la fenêtre, l’homme de tous mes espoirs.
Il arrive.
C’est un militaire : blouson « Personnel Navigant », avec trois barrettes en scratch… un capitaine pilote de l’Armée de l’Air ?
S’il a retiré ses Ray Ban, il a toujours une cigarette à la bouche. Je le trouve trop gros et trop petit, fort peu sportif pour un pilote… Pas d'allure, il n’a pas la classe de mes héros… mais ce ne doit pas être un problème aujourd’hui. Je dois accepter d'autres règles pour commencer à croire en mes rêves.
Je le fais entrer dans ma chambre, après qu’il a salué gracieusement ma mère.
Ma demeure est minutieusement rangée. Je lui propose de s’installer sur un des fauteuils placés autour de mon bureau.
Cyril a déjà compris pour le jus de fruits.
Ce monsieur s’intéresse à toute ma chambre ; il regarde les cadres, les bibelots. Il ouvre mes livres de collection et pose beaucoup de questions.
Par politesse, je le laisse fumer… bien que je l’interdise habituellement chez “moi”.
Dormir dans une pièce enfumée n’est pas du tout agréable.
J'ouvre préventivement une fenêtre.
Après m’avoir passé sérieusement “au peigne fin”, il me propose enfin ce que je souhaitais : connaître ses scouts…
J’ai le droit d’arriver en visiteur, samedi, pour assister à une réunion. Les horaires sont après ceux des scouts de D**.
J’en profiterai pour faire les deux !
Samedi…
C’est une réunion “bidon”.
Je reste seul en lice…
J’ai l’honneur d’être traité à la fois de facho et d’anarchiste par Christophe qui venait tenter chez les scouts en perdition, de récupérer Franck… et de supporter de copieuses engueulades par Florence, la cheftaine des guides, me jugeant "responsable" du départ de Jérôme et de Richard.
J’en profite pour rabattre ma colère sur David Frais qui a osé venir. Il passe son temps à mettre les pieds sur la table et à cracher dans la cheminée… qui n’en finit plus d’ailleurs de fumer.
J’assiste en spectateur volontaire à ce scoutisme en décrépitude. Pour toutes les activités d’une après-midi, seule la partie de béret reste constructive : il n’y a pas de dispute.
Dans son coin de patrouille, Jean-Brice a aussi retapé un vieux bouclier datant d’un de mes camps scouts. Pierre-Olivier a noté la prière scoute et la loi, en grand et en couleur sur un panneau. Essai dérisoire, projet bien inutile… Aucun scout ne connaît sa prière, et ils ne souhaitent ni l’apprendre, ni la réciter… encore moins la chanter !
C’est avec une réelle joie que je pars pour la réunion des “autres scouts”.
Involontairement je perçois de plus en plus d’une manière négative les scouts de D** au profit des autres. Je me sens comme attiré malgré moi par cet autre mouvement qui me semble plus vrai, plus fort.
C’est à la citadelle, en haut du « grand cavalier », énorme pièce forte qui domine la petite ville. J’arrive avec ma tenue scoute, très fier de moi. Lemire est là, avec huit jeunes de douze à dix-sept ans. Ils sont en plein jeu d’après-midi. Un jeu de rapidité et d’adresse : au sol sont fixés à l’aide de branches, deux cercles. Le premier (A) de trois mètres de diamètre possède trois fanions plantés en son centre ; le deuxième (B) de six mètres de diamètre entoure le premier.
Il y a deux équipes : les attaquants et les défenseurs.
Les attaquants, à l’extérieur des deux cercles doivent récupérer les fanions un par un, protégés par les défenseurs situés dans la bande du cercle (B), à l’extérieur du (A). Ces derniers n’ont pas le droit de sortir de cette zone.
Si un attaquant se fait toucher en tentant de pénétrer ou de sortir du cercle (A) il est fait prisonnier et se place avec les fanions.
Le but du jeu est de récupérer les trois fanions et de délivrer les prisonniers pour les uns… de veiller sur ses fanions pour les autres…
C’est un jeu simple et actif, un bon jeu d’après-midi comme je les aime.
Joueur… je me laisse tenter : cela me permet de découvrir les jeunes qui m’entourent.
J’ai l’impression de voir toute la misère d’un peuple ; de toucher à la France profonde devant ces scouts.
C’est du Zola !
Pas ou peu d’intelligence, des visages ingrats.
Ah, ils ne sont pas des “play-boys” !
J’ai un âge où l’on peut se trouver beaucoup de défauts, se sentir parfois moche… Mais là, je semble trop bien devant eux !
Je suis presque honteux de mon uniforme en les voyant dans des accoutrements que le secours catholique n’oserait distribuer.
Et si seulement ils étaient propres !
Lemire non plus ne porte pas la grâce… rien d’attirant, sauf ses yeux extraordinaires.
Sa voix aussi.
Et on l’écoute.
Le jeu s’achève car la nuit s’annonce.
Je suis présenté :
Et j’ai le droit à la présentation des jeunes.
Yannick, son bras droit. Il est très efféminé. Seize ou dix-sept ans. Il a les cheveux et les ongles sales et longs. Sa moustache naissante qui a dépassé l’apparence du duvet n’arrive pas à donner de la virilité à cet adolescent trop grand et très maigre.
Il y a Benjamin, le plus intelligent peut-être, plutôt mignon ; Ludovic, que j’avais déjà vu au collège il y a quatre ou cinq ans — j’étais dans la classe de sa sœur — une “baraque” pour ses quinze ans mais avec les yeux vagues, paraissant moins éveillé qu’autrefois… Tout comme Sébastien, le fils du facteur, un gars de dix-sept ans, petit et trapu.
Aussi Guillaume, le frère de Yannick. Le seul à avoir un peu d’allure : un adolescent déjà pubère — de treize ou quatorze ans. Hélas, il ne pétille pas d’intelligence !
Il y a le petit Poirot… qui, avec ses douze ans est l’image type de l’idiot du village.
Et Olivier, fils d’un cuisinier du seul restaurant correct de la ville — il est dans la classe de mon frère — pré-ado de douze ou treize ans : c’est un gamin à la larme facile.
Je n’ai pas oublié Étienne, le fils de la corsetterie de la ville.
Celui-là, je le connais bien. Il est redoutable : à mon dernier camp lorsque j’étais scout, il venait d’arriver dans la troupe.
Je garde de très mauvais souvenirs de racket et de mauvais trafics avec ce gars dont les histoires ne finissaient pas de meubler les conversations… Avec ses cinq autres patrouillards, chaque jour, c’était la guerre vis-à-vis des plus jeunes et des jeux de soumission, voire d’esclavage !
Cela avait suffit à gâcher le début de camp de Sébastien, le plus jeune. Sébastien était alors venu dans ma patrouille pour y être bien plus heureux.
Étienne, je ne l’aime pas. Il est à craindre. Même s’il a trois ans de plus, je ne suis pas certain qu’il ait changé. C’est un gars capable de tout détruire. J’en parlerai à Lemire.
Quand tout le monde m’a été présenté, j’ai le droit de découvrir le chef : Alain Lemire, dit Doudou. C’est le seul nom dont on puisse user pour lui adresser la parole.
Doudou donc, passe à la suite de la réunion : un bref rappel sur quelques grandes notions de scoutisme et de topographie. Comme l’heure de nous séparer approche, c’est le temps de la prière à Saint Bernard, patron de la troupe.
Une demi-heure de litanies à la lampe torche, en latin et en français. J’essaie de percer un quelconque mystère de la foi à travers les visages de ces jeunes silencieux.
On se sépare en s’embrassant deux fois, coutume de chez eux à laquelle je suis assez réticent.
En tant qu’invité, je gère et je digère !
Je préfère tout de même — avec ceux que je n'ai pas choisis — une bonne poignée de mains sincère, franche, et virile !
Doudou fixe ma prochaine réunion : mercredi soir. Il viendra me chercher à dix-neuf heures trente, devant la maison.
Ma vie a si peu de sens…
Je n’ai guère le temps de réagir : en rentrant à la maison, coup de fil d’un certain monsieur Lemire… pour moi !
- — Bonjour Philippe. Le chef scout, la Croix Rouge d’hier… tu te souviens ?
- — Ah oui ! Bonsoir.
- — Cela n’est guère important. Le plus important c’est que j’aimerais te rencontrer de nouveau. J’ai quelques propositions à te faire.
- — Oui, bien sûr. Samedi prochain, si vous voulez !
- — Oh, si tu veux, je passe à dix-sept heures trente, demain.
Je n’ai pu placer que quelques mots mais tout est dit.
Si elle existe, c’est certainement la providence !
Dans le dernier Dalens, Éric citait une phrase de François Mauriac :
« Nous méritons chacune de nos rencontres ».
Je voudrais vraiment que cette rencontre donne sens à cette vie où je m'ennuie.
La journée du mardi me paraît bien longue.
Enfin la dernière heure, enfin la maison. Je guette à la fenêtre, l’homme de tous mes espoirs.
Il arrive.
C’est un militaire : blouson « Personnel Navigant », avec trois barrettes en scratch… un capitaine pilote de l’Armée de l’Air ?
S’il a retiré ses Ray Ban, il a toujours une cigarette à la bouche. Je le trouve trop gros et trop petit, fort peu sportif pour un pilote… Pas d'allure, il n’a pas la classe de mes héros… mais ce ne doit pas être un problème aujourd’hui. Je dois accepter d'autres règles pour commencer à croire en mes rêves.
Je le fais entrer dans ma chambre, après qu’il a salué gracieusement ma mère.
Ma demeure est minutieusement rangée. Je lui propose de s’installer sur un des fauteuils placés autour de mon bureau.
Cyril a déjà compris pour le jus de fruits.
Ce monsieur s’intéresse à toute ma chambre ; il regarde les cadres, les bibelots. Il ouvre mes livres de collection et pose beaucoup de questions.
Par politesse, je le laisse fumer… bien que je l’interdise habituellement chez “moi”.
Dormir dans une pièce enfumée n’est pas du tout agréable.
J'ouvre préventivement une fenêtre.
Après m’avoir passé sérieusement “au peigne fin”, il me propose enfin ce que je souhaitais : connaître ses scouts…
J’ai le droit d’arriver en visiteur, samedi, pour assister à une réunion. Les horaires sont après ceux des scouts de D**.
J’en profiterai pour faire les deux !
Samedi…
C’est une réunion “bidon”.
Je reste seul en lice…
J’ai l’honneur d’être traité à la fois de facho et d’anarchiste par Christophe qui venait tenter chez les scouts en perdition, de récupérer Franck… et de supporter de copieuses engueulades par Florence, la cheftaine des guides, me jugeant "responsable" du départ de Jérôme et de Richard.
J’en profite pour rabattre ma colère sur David Frais qui a osé venir. Il passe son temps à mettre les pieds sur la table et à cracher dans la cheminée… qui n’en finit plus d’ailleurs de fumer.
J’assiste en spectateur volontaire à ce scoutisme en décrépitude. Pour toutes les activités d’une après-midi, seule la partie de béret reste constructive : il n’y a pas de dispute.
Dans son coin de patrouille, Jean-Brice a aussi retapé un vieux bouclier datant d’un de mes camps scouts. Pierre-Olivier a noté la prière scoute et la loi, en grand et en couleur sur un panneau. Essai dérisoire, projet bien inutile… Aucun scout ne connaît sa prière, et ils ne souhaitent ni l’apprendre, ni la réciter… encore moins la chanter !
C’est avec une réelle joie que je pars pour la réunion des “autres scouts”.
Involontairement je perçois de plus en plus d’une manière négative les scouts de D** au profit des autres. Je me sens comme attiré malgré moi par cet autre mouvement qui me semble plus vrai, plus fort.
C’est à la citadelle, en haut du « grand cavalier », énorme pièce forte qui domine la petite ville. J’arrive avec ma tenue scoute, très fier de moi. Lemire est là, avec huit jeunes de douze à dix-sept ans. Ils sont en plein jeu d’après-midi. Un jeu de rapidité et d’adresse : au sol sont fixés à l’aide de branches, deux cercles. Le premier (A) de trois mètres de diamètre possède trois fanions plantés en son centre ; le deuxième (B) de six mètres de diamètre entoure le premier.
Il y a deux équipes : les attaquants et les défenseurs.
Les attaquants, à l’extérieur des deux cercles doivent récupérer les fanions un par un, protégés par les défenseurs situés dans la bande du cercle (B), à l’extérieur du (A). Ces derniers n’ont pas le droit de sortir de cette zone.
Si un attaquant se fait toucher en tentant de pénétrer ou de sortir du cercle (A) il est fait prisonnier et se place avec les fanions.
Le but du jeu est de récupérer les trois fanions et de délivrer les prisonniers pour les uns… de veiller sur ses fanions pour les autres…
C’est un jeu simple et actif, un bon jeu d’après-midi comme je les aime.
Joueur… je me laisse tenter : cela me permet de découvrir les jeunes qui m’entourent.
J’ai l’impression de voir toute la misère d’un peuple ; de toucher à la France profonde devant ces scouts.
C’est du Zola !
Pas ou peu d’intelligence, des visages ingrats.
Ah, ils ne sont pas des “play-boys” !
J’ai un âge où l’on peut se trouver beaucoup de défauts, se sentir parfois moche… Mais là, je semble trop bien devant eux !
Je suis presque honteux de mon uniforme en les voyant dans des accoutrements que le secours catholique n’oserait distribuer.
Et si seulement ils étaient propres !
Lemire non plus ne porte pas la grâce… rien d’attirant, sauf ses yeux extraordinaires.
Sa voix aussi.
Et on l’écoute.
Le jeu s’achève car la nuit s’annonce.
Je suis présenté :
- — Philippe de Bourlon, assistant chef scout de D**… plus pour longtemps peut-être, dit Lemire en riant.
Et j’ai le droit à la présentation des jeunes.
Yannick, son bras droit. Il est très efféminé. Seize ou dix-sept ans. Il a les cheveux et les ongles sales et longs. Sa moustache naissante qui a dépassé l’apparence du duvet n’arrive pas à donner de la virilité à cet adolescent trop grand et très maigre.
Il y a Benjamin, le plus intelligent peut-être, plutôt mignon ; Ludovic, que j’avais déjà vu au collège il y a quatre ou cinq ans — j’étais dans la classe de sa sœur — une “baraque” pour ses quinze ans mais avec les yeux vagues, paraissant moins éveillé qu’autrefois… Tout comme Sébastien, le fils du facteur, un gars de dix-sept ans, petit et trapu.
Aussi Guillaume, le frère de Yannick. Le seul à avoir un peu d’allure : un adolescent déjà pubère — de treize ou quatorze ans. Hélas, il ne pétille pas d’intelligence !
Il y a le petit Poirot… qui, avec ses douze ans est l’image type de l’idiot du village.
Et Olivier, fils d’un cuisinier du seul restaurant correct de la ville — il est dans la classe de mon frère — pré-ado de douze ou treize ans : c’est un gamin à la larme facile.
Je n’ai pas oublié Étienne, le fils de la corsetterie de la ville.
Celui-là, je le connais bien. Il est redoutable : à mon dernier camp lorsque j’étais scout, il venait d’arriver dans la troupe.
Je garde de très mauvais souvenirs de racket et de mauvais trafics avec ce gars dont les histoires ne finissaient pas de meubler les conversations… Avec ses cinq autres patrouillards, chaque jour, c’était la guerre vis-à-vis des plus jeunes et des jeux de soumission, voire d’esclavage !
Cela avait suffit à gâcher le début de camp de Sébastien, le plus jeune. Sébastien était alors venu dans ma patrouille pour y être bien plus heureux.
Étienne, je ne l’aime pas. Il est à craindre. Même s’il a trois ans de plus, je ne suis pas certain qu’il ait changé. C’est un gars capable de tout détruire. J’en parlerai à Lemire.
Quand tout le monde m’a été présenté, j’ai le droit de découvrir le chef : Alain Lemire, dit Doudou. C’est le seul nom dont on puisse user pour lui adresser la parole.
Doudou donc, passe à la suite de la réunion : un bref rappel sur quelques grandes notions de scoutisme et de topographie. Comme l’heure de nous séparer approche, c’est le temps de la prière à Saint Bernard, patron de la troupe.
Une demi-heure de litanies à la lampe torche, en latin et en français. J’essaie de percer un quelconque mystère de la foi à travers les visages de ces jeunes silencieux.
On se sépare en s’embrassant deux fois, coutume de chez eux à laquelle je suis assez réticent.
En tant qu’invité, je gère et je digère !
- — Nous sommes frères, tous membres d’une grande famille, m’explique Doudou. c’est important : cela rapproche et supprime toutes nos différences.
Je préfère tout de même — avec ceux que je n'ai pas choisis — une bonne poignée de mains sincère, franche, et virile !
Doudou fixe ma prochaine réunion : mercredi soir. Il viendra me chercher à dix-neuf heures trente, devant la maison.
* * *
Pile à l’heure, la 305 bleu militaire est devant le porche. Depuis la fin du dîner je l’attends. Je suis heureux de son arrivée, alors que depuis près d’une heure, j’ai peur… je ne sais plus si j’ai envie ou non de le voir.
Enfin, je deviens fou… mais cela me change les idées. Ma mère n’est guère contente de ces réunions en semaine. Elle a peur que mon travail scolaire en pâtisse.
Au point où il en est !
Pourtant, voyant que cela me remonte un moral bien bas et améliore sensiblement mon caractère, elle accepte sans trop de réticences. De toutes les façons, elle n’arrivera pas à s’en sortir avec son numéro trois.
Enfin, je deviens fou… mais cela me change les idées. Ma mère n’est guère contente de ces réunions en semaine. Elle a peur que mon travail scolaire en pâtisse.
Au point où il en est !
Pourtant, voyant que cela me remonte un moral bien bas et améliore sensiblement mon caractère, elle accepte sans trop de réticences. De toutes les façons, elle n’arrivera pas à s’en sortir avec son numéro trois.
Je les entends souvent parler,
elle et papa, de mon avenir
et de leurs craintes à ce sujet…
Ah…
S’ils m’avaient laissé partir
en école militaire ?
elle et papa, de mon avenir
et de leurs craintes à ce sujet…
Ah…
S’ils m’avaient laissé partir
en école militaire ?
La réunion se passe sur le parking du super marché Maxi-Coop. Feux et moteur éteints, dans la voiture, nous passons près de deux heures à discuter ensemble.
Lemire me fait un superbe exposé sur la plupart des mouvements scouts : ceux dont le laxisme a entraîné la perte de l’idéal tel que Baden-Powell l’avait voulu ; plus de tradition, disparition de la religion, de la B.A, de l’uniforme. Chez eux, le but même de la vie disparaît… pour se confondre avec les colonies de vacances, les camps d’ados.
Il attaque aussi les autres scoutismes où l'on mélange politique et scoutisme, armée ou intégrisme pour nous donner des parodies d'un idéal recherché dans un pouvoir sur des plus faibles.
Je profite des temps d’arrêts où il allume une cigarette pour acquiescer et donner quelques preuves à ses propos : déjà lorsque j’étais scout, les transformations semblaient irrémédiables.
Je n’ai plus qu’une solution si je souhaite réaliser l’œuvre de ma vie : quitter un mouvement sans valeur vraie pour un autre semblant plein de vie… d’avenir.
Doudou me conseille de partir pendant qu’il est encore temps. Il m’accepte dans son groupe. Je suis le bienvenu.
Je ne mets pas trop de difficultés pour être convaincu. Je dois réagir vite et bien : à la réunion de groupe qui a lieu samedi, chez les scouts de D**… ce sera une occasion unique. Je prépare mon plan, n’en parlant à personne.
J’arrive le dernier dans la salle de catéchisme. Corentin est là avec monsieur et madame Chamars, mesdames Delbon, Malé et d’autres parents ainsi que Richard. Jérôme, démissionnaire n’a pas désiré assister à la réunion. Jérôme Lévy est aussi présent, comme Isabelle et Christophe.
Je demande la parole, et triomphalement je sors ma prose, travaillée soigneusement la veille :
Lemire me fait un superbe exposé sur la plupart des mouvements scouts : ceux dont le laxisme a entraîné la perte de l’idéal tel que Baden-Powell l’avait voulu ; plus de tradition, disparition de la religion, de la B.A, de l’uniforme. Chez eux, le but même de la vie disparaît… pour se confondre avec les colonies de vacances, les camps d’ados.
Il attaque aussi les autres scoutismes où l'on mélange politique et scoutisme, armée ou intégrisme pour nous donner des parodies d'un idéal recherché dans un pouvoir sur des plus faibles.
Je profite des temps d’arrêts où il allume une cigarette pour acquiescer et donner quelques preuves à ses propos : déjà lorsque j’étais scout, les transformations semblaient irrémédiables.
Je n’ai plus qu’une solution si je souhaite réaliser l’œuvre de ma vie : quitter un mouvement sans valeur vraie pour un autre semblant plein de vie… d’avenir.
Doudou me conseille de partir pendant qu’il est encore temps. Il m’accepte dans son groupe. Je suis le bienvenu.
Je ne mets pas trop de difficultés pour être convaincu. Je dois réagir vite et bien : à la réunion de groupe qui a lieu samedi, chez les scouts de D**… ce sera une occasion unique. Je prépare mon plan, n’en parlant à personne.
J’arrive le dernier dans la salle de catéchisme. Corentin est là avec monsieur et madame Chamars, mesdames Delbon, Malé et d’autres parents ainsi que Richard. Jérôme, démissionnaire n’a pas désiré assister à la réunion. Jérôme Lévy est aussi présent, comme Isabelle et Christophe.
Je demande la parole, et triomphalement je sors ma prose, travaillée soigneusement la veille :
« Corentin, mesdames, messieurs, chers parents,
Il y a deux mois, Richard et Jérôme sont venus me voir afin que je devienne assistant chef scout à D**.
Mes souvenirs, mon passé de louveteau et de scout, m’ont poussé à les rejoindre.
J’ai tenté alors vainement de vivre un vrai scoutisme.
À mon grand désespoir, je me suis rendu compte que rien de ce que j’ai pu connaître n’est resté. Je n’ai trouvé ici que bêtises et incompétence : des programmes sans idéal pour des scouts bidons !
Après le camp régional où j’ai été bien déçu par la mauvaise organisation et des activités peu scoutes, j’ose vous dire que j’ai été surtout choqué par l’attitude des chefs départementaux.
J’ai compris que je n’avais pas ma place au sein de cette triste organisation.
Aussi, je vous présente ce soir ma démission d’assistant-chef du mouvement des scouts de D**. ».
Il y a deux mois, Richard et Jérôme sont venus me voir afin que je devienne assistant chef scout à D**.
Mes souvenirs, mon passé de louveteau et de scout, m’ont poussé à les rejoindre.
J’ai tenté alors vainement de vivre un vrai scoutisme.
À mon grand désespoir, je me suis rendu compte que rien de ce que j’ai pu connaître n’est resté. Je n’ai trouvé ici que bêtises et incompétence : des programmes sans idéal pour des scouts bidons !
Après le camp régional où j’ai été bien déçu par la mauvaise organisation et des activités peu scoutes, j’ose vous dire que j’ai été surtout choqué par l’attitude des chefs départementaux.
J’ai compris que je n’avais pas ma place au sein de cette triste organisation.
Aussi, je vous présente ce soir ma démission d’assistant-chef du mouvement des scouts de D**. ».
Après ces mots, je leur souhaite un bonsoir et les quitte en m’excusant, étant attendu… et ne cherchant surtout pas à entendre de commentaires sur mon acte sans retour possible.
Lemire m’attendait dans sa voiture sur la place de l’église. J’avais convenu cela la veille : papa me conduirait à la réunion… et je m’arrangerais pour rentrer à la maison, ne sachant pas l’heure de mon retour.
Tous les deux, malgré mes réticences à être en sa compagnie, c’est une nouvelle réunion passionnante où il me parle de la vie, de la mort et de Dieu… un sujet vis-à-vis duquel je me pose tant de questions sans réponse ; une magnifique dissertation philosophique où le professeur et l’élève divaguent en fait sur tout et rien.
Tout cela pour m’expliquer que j’ai fait bon choix, et selon ses mots : à la grâce de Dieu ?
Lemire m’attendait dans sa voiture sur la place de l’église. J’avais convenu cela la veille : papa me conduirait à la réunion… et je m’arrangerais pour rentrer à la maison, ne sachant pas l’heure de mon retour.
Tous les deux, malgré mes réticences à être en sa compagnie, c’est une nouvelle réunion passionnante où il me parle de la vie, de la mort et de Dieu… un sujet vis-à-vis duquel je me pose tant de questions sans réponse ; une magnifique dissertation philosophique où le professeur et l’élève divaguent en fait sur tout et rien.
Tout cela pour m’expliquer que j’ai fait bon choix, et selon ses mots : à la grâce de Dieu ?
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Chapitre V
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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