Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle :
pirate des mots et philanalyste en herbe
présente
dans les nouveaux Contes de moelle :
Une peinture chinoise…
Merci à mon professeur de latin, René Coulomb, un aventurier…
et à son ami Herbert von Karajan, le chef d'orchestre qui m'a initié à la musique…
et à son ami Herbert von Karajan, le chef d'orchestre qui m'a initié à la musique…
Paul annonce à son vieil ami Herbert, sa prochaine expédition en Chine : deux mois d’aventure, toujours à la recherche de civilisations détruites et oubliées, qu’il pense davantage évoluées que notre monde toujours enclin à guerroyer…
Cette fois encore, il s’intéresse aux dramatiques effets de la construction de la Grande Muraille, une barrière faite de larmes et de sang pour emprisonner des peuples dans une pensée monolithique !
Paul est passionné de liberté… selon lui, les frontières détruisent les connaissances et animalisent l’humain.
Paul est encore dans le temps de la folle jeunesse, à vouloir comprendre tout, sans nécessairement se donner le temps d'apprendre…
Herbert est à l’âge fort avancé de la sagesse : ce temps de la réserve, où le corps se doit d’être ménagé avec la plus grande des attentions…
Il se réjouit pour son jeune ami, enthousiasmé de le savoir en partance pour un beau voyage initiatique. Profitant de l’occasion, il lui demande un précieux service : acheter une peinture d’un grand maître, à Pékin…
Une pièce rarissime qu’il convoite depuis fort longtemps…
Il aimerait la contempler avant de mourir.
Il lui donne un avoir de 40.000 dollars pour le payement de l’œuvre et les dossiers de douane pré-remplis, en lui priant de respecter très scrupuleusement les consignes pour que tout se passe pour le mieux.
Il lui faudra impérativement faire prévenir le Maître, dès son arrivée, puis gérer la transaction avec La Bank of China Limited et les autorités politiques, afin de récupérer la pièce avant son départ.
L’amitié nous invite à rendre des services par plaisir… et la curiosité accroit aussi — parfois — l’intérêt de l’action !
* * *
Quelques temps plus tard…
L’aéroport international de Pékin…
Comme prévu, Paul — le jour même, à sa descente de l’avion — se rend au lieu de rendez-vous indiqué par Herbert.
Lyang est à ses côtés.
Une petite échoppe, au cœur des quartiers anciens de la ville.
C’est déjà une aventure…
Il pénètre dans une boutique étrange, au plafond bas, emplie de mille et cent objets tous plus beaux les uns que les autres, certains retraçant la gloire de dynasties oubliées, par beaucoup, de l’art chinois. La fumée d’encens, ainsi que l’éclairage aux bougies, éveillent des ombres diffuses et mouvantes.
C’est un vieillard qui le reçoit, en tenue d’une autre époque… Nous sommes ici dans la Chine de dix mille ans d’âge… pour le plus grand bonheur de Paul.
Lyang, son ami linguiste, l’accompagne toujours dans ses périples. Cette fois encore sa présence sera précieuse pour traduire le mandarin en bon anglais… et faciliter la transaction…
L’accueil est chaleureux, mais plutôt bref.
Quelle est donc la raison de cette visite ?
Un Européen dans L’Empire du Milieu ?
Est-ce pour briser les frontières ? Pour en tracer de nouvelles ?
Est-ce pour prendre ou apprendre ?
Formidable leçon de vie en quelques phrases. Cet homme est un sage, un être rare qui mérite la rencontre. Il lui rappelle Herbert.
Cependant, l’un comme l’autre donnent peu, très peu. Comme si chaque seconde de leur temps était comptée précieusement…
C’est bien vite conclu : Herbert souhaite précisément un coq — un grand dessin sur un beau papier de mûrier — en quadrichromie… une technique très ancienne. Cela fait, semble-t-il, partie des collections rares de la Chine, mais il a obtenu tous les droits de douane afin que l’exportation soit légale. Paul découvre que son ami ne lui a pas donné le nom de l’artiste… ce qui est paradoxal.
Cela ne dérange pas son interlocuteur.
Le vieillard se veut rassurant ; l’interprète annonce qu’il va honorer avec plaisir la requête.
L'équivalent de 12.000 dollars, de suite, à la commande… et 28.000 dollars dans deux mois, à réception de l’œuvre.
La somme est conséquente. Il n’y a cependant pas de contrat signé, pas de clause spécifique… tout se décide avec des sourires et de brèves phrases qu’il ne comprend pas.
Paul quitte cet univers fantasmagorique, avec des milliers d’interrogations sans réponse.
Ce court instant dans l’échoppe du vieillard aurait presque suffi à donner sens à son voyage. Il est persuadé que son ami Herbert a fomenté d’une manière très réfléchie cette rencontre mystérieuse. Elle recentre bien souvent ses pensées, pendant les deux mois d’aventures vécues alors avec Lyang, toujours habile — comme à son habitude — à transformer ses questions en d’autres questions…
L’art chinois est plurimillénaire : il est La Voie…
Une manière de rencontrer son « Moi » : la création qui rejoint la Création… une mise en harmonie des univers pour s’unir à l’Univers.
Oui, la peinture est, parmi les arts martiaux, celui qui nécessite peut-être la plus grande sagesse, pour que le geste s’associe à l’idée, afin de prendre forme.
La peinture est comme l’écriture : c’est toujours une prouesse que d’espérer voir l’idée naître en mots ou en images.
Tout cela lui rappelle les belles histoires de son enfance… Surtout ce conte extraordinaire, où l’enfant qui peignait si parfaitement la réalité devait rendre inachevée sa toile, afin d’éviter que ses dessins ne prennent vie… face aux incrédules.
Peu d’humains sont capables d’accueillir le jaillissement de l’être.
Paul sait depuis longtemps que le terme que l’on traduit par « art martial », dans nos traditions européennes, n’a pas de lien avec la violence et la guerre. Il n’y a pas de guerre juste. Il se souvient notamment de la devise d’un de ses professeurs : « le Karaté existe afin de ne pas être utilisé ».
Oui, « combattre est déjà une défaite », fait partie de ses maximes de vie.
Il voyage à travers le monde, de visages en paysages, pour retrouver les vestiges de civilisations merveilleuses, à des époques lointaines où les humains vivaient sans dieux ni maîtres, n’ayant pas peur de leurs peurs ; préférant les arts à la guerre.
Pendant leur périple à travers la Chine, lors des temps calmes où la dispute s’avère possible, Lyang et Paul s’enrichissent d’explications complémentaires sur tous les arts à travers leurs cultures différentes. Les sciences anciennes représentent, en leur ensemble, une école de sagesse et de paix, pour chercher la voie intérieure, comme pour rejoindre la voie de l’unité.
Les connaissances des deux hommes, unifiées avec celles du monde, permettent un enrichissement merveilleux, qui trouve son harmonie dans la phrase rappelée par les propos socratiques de Platon : le « Connais-toi toi-même » et le « Deviens ce que tu es, quand tu l’auras appris », attribué à Pindare, d’après les écrits de Nietzsche.
C’est une très grande et belle aventure spirituelle vécue par les deux amis : ils n’en avaient pas imaginé l’importance, avant de partir réaliser ce voyage dans la Chine intérieure.
L’aéroport international de Pékin…
Comme prévu, Paul — le jour même, à sa descente de l’avion — se rend au lieu de rendez-vous indiqué par Herbert.
Lyang est à ses côtés.
Une petite échoppe, au cœur des quartiers anciens de la ville.
C’est déjà une aventure…
Il pénètre dans une boutique étrange, au plafond bas, emplie de mille et cent objets tous plus beaux les uns que les autres, certains retraçant la gloire de dynasties oubliées, par beaucoup, de l’art chinois. La fumée d’encens, ainsi que l’éclairage aux bougies, éveillent des ombres diffuses et mouvantes.
C’est un vieillard qui le reçoit, en tenue d’une autre époque… Nous sommes ici dans la Chine de dix mille ans d’âge… pour le plus grand bonheur de Paul.
Lyang, son ami linguiste, l’accompagne toujours dans ses périples. Cette fois encore sa présence sera précieuse pour traduire le mandarin en bon anglais… et faciliter la transaction…
L’accueil est chaleureux, mais plutôt bref.
Quelle est donc la raison de cette visite ?
Un Européen dans L’Empire du Milieu ?
Est-ce pour briser les frontières ? Pour en tracer de nouvelles ?
Est-ce pour prendre ou apprendre ?
Formidable leçon de vie en quelques phrases. Cet homme est un sage, un être rare qui mérite la rencontre. Il lui rappelle Herbert.
Cependant, l’un comme l’autre donnent peu, très peu. Comme si chaque seconde de leur temps était comptée précieusement…
C’est bien vite conclu : Herbert souhaite précisément un coq — un grand dessin sur un beau papier de mûrier — en quadrichromie… une technique très ancienne. Cela fait, semble-t-il, partie des collections rares de la Chine, mais il a obtenu tous les droits de douane afin que l’exportation soit légale. Paul découvre que son ami ne lui a pas donné le nom de l’artiste… ce qui est paradoxal.
Cela ne dérange pas son interlocuteur.
Le vieillard se veut rassurant ; l’interprète annonce qu’il va honorer avec plaisir la requête.
L'équivalent de 12.000 dollars, de suite, à la commande… et 28.000 dollars dans deux mois, à réception de l’œuvre.
La somme est conséquente. Il n’y a cependant pas de contrat signé, pas de clause spécifique… tout se décide avec des sourires et de brèves phrases qu’il ne comprend pas.
Paul quitte cet univers fantasmagorique, avec des milliers d’interrogations sans réponse.
Ce court instant dans l’échoppe du vieillard aurait presque suffi à donner sens à son voyage. Il est persuadé que son ami Herbert a fomenté d’une manière très réfléchie cette rencontre mystérieuse. Elle recentre bien souvent ses pensées, pendant les deux mois d’aventures vécues alors avec Lyang, toujours habile — comme à son habitude — à transformer ses questions en d’autres questions…
L’art chinois est plurimillénaire : il est La Voie…
Une manière de rencontrer son « Moi » : la création qui rejoint la Création… une mise en harmonie des univers pour s’unir à l’Univers.
Oui, la peinture est, parmi les arts martiaux, celui qui nécessite peut-être la plus grande sagesse, pour que le geste s’associe à l’idée, afin de prendre forme.
La peinture est comme l’écriture : c’est toujours une prouesse que d’espérer voir l’idée naître en mots ou en images.
Tout cela lui rappelle les belles histoires de son enfance… Surtout ce conte extraordinaire, où l’enfant qui peignait si parfaitement la réalité devait rendre inachevée sa toile, afin d’éviter que ses dessins ne prennent vie… face aux incrédules.
Peu d’humains sont capables d’accueillir le jaillissement de l’être.
Paul sait depuis longtemps que le terme que l’on traduit par « art martial », dans nos traditions européennes, n’a pas de lien avec la violence et la guerre. Il n’y a pas de guerre juste. Il se souvient notamment de la devise d’un de ses professeurs : « le Karaté existe afin de ne pas être utilisé ».
Oui, « combattre est déjà une défaite », fait partie de ses maximes de vie.
Il voyage à travers le monde, de visages en paysages, pour retrouver les vestiges de civilisations merveilleuses, à des époques lointaines où les humains vivaient sans dieux ni maîtres, n’ayant pas peur de leurs peurs ; préférant les arts à la guerre.
Pendant leur périple à travers la Chine, lors des temps calmes où la dispute s’avère possible, Lyang et Paul s’enrichissent d’explications complémentaires sur tous les arts à travers leurs cultures différentes. Les sciences anciennes représentent, en leur ensemble, une école de sagesse et de paix, pour chercher la voie intérieure, comme pour rejoindre la voie de l’unité.
Les connaissances des deux hommes, unifiées avec celles du monde, permettent un enrichissement merveilleux, qui trouve son harmonie dans la phrase rappelée par les propos socratiques de Platon : le « Connais-toi toi-même » et le « Deviens ce que tu es, quand tu l’auras appris », attribué à Pindare, d’après les écrits de Nietzsche.
C’est une très grande et belle aventure spirituelle vécue par les deux amis : ils n’en avaient pas imaginé l’importance, avant de partir réaliser ce voyage dans la Chine intérieure.
* * *
Deux mois riches et passionnants qui s’achèvent…
Retour sur Terre ?
Le vol pour Paris est dans quatre heures…
C’est légèrement inquiets que Paul et Lyang retournent à l’échoppe, avec une valisette contenant l’équivalent de 28.000 dollars, en monnaie chinoise… soit près de 175.000 yuans.
Ils sont accompagnés de trois sévères gardes en civils délégués par les autorités politiques chinoises et La Bank of China Limited, ce qui les rassure encore moins…
Rien ne semble avoir changé depuis leur visite dans l’antre de l’ancêtre… comme si personne d’autre qu’eux n'avait franchi cette porte.
Un décor toujours aussi fantastique, pour une histoire abracadabrantesque : mais pourquoi donc Herbert a-t-il organisé cette étrange transaction dans un lieu totalement improbable ?
Le timbre mélodieux des tubes de métal qui se meuvent à l’ouverture de la porte a nécessairement prévenu le propriétaire… qui pourtant ne semble pas s’affoler d’une présence dans sa boutique…
Quelques longues minutes à attendre… et cependant, la richesse et la sérénité des lieux ne provoquent aucun ennui, ni même l’inquiétude de l’avion qui partira certainement à l’heure prévue, voyageurs présents ou non lors de l’embarquement.
Le voici…
Paul l’attendait, l’espérait depuis deux mois… comme s’il était le trésor recherché de ce voyage en Chine.
Presque fantomatique, il ne marche pas vers eux à travers son échoppe, il vole, effleurant chaque objet, donnant vie à l’inerte…
Il est beau, il rayonne… ce vieillard sans âge.
Paul et Lyang voient même les trois gardes se dérider… et arborer presque des sourires…
Alors il est temps de parler affaires… vite… hélas… alors que cent mille histoires seraient plus passionnantes à écouter de ce sage d’un autre monde.
— Messieurs, vous voici enfin.
Je suis prêt pour vous servir, dit-il, en mandarin ancien, se tournant vers Lyang.
— Nous sommes de retour afin d’effectuer la transaction prévue voici deux mois, traduit Lyang, à la demande de Paul.
— Bien entendu ! rétorque le vieil homme, Avez-vous la somme convenue ?
Le garde de la banque pose la valisette sur une table désignée, sans même l’ouvrir.
— C’est parfait…
Que les enfants du village orphelinat de San Cha vous irradient de leurs pensées les meilleures.
Ah… c’est donc cela, pense Paul… me voici projeté au cœur d’une mission humanitaire…
Beaucoup de mystères pour pas grand-chose finalement. C’est presque décevant.
Il n’a pas le temps de poursuivre sa réflexion, car le son mat d’un gong retentit.
Un adolescent apparaît avec un chevalet, qu’il pose devant eux…
Il étend une belle feuille bien épaisse, d’un papier vierge…
Et, dans un silence solennel, le vieillard saisit près de lui un long pinceau.
Il le trempe soigneusement dans un petit pot de peinture ; d’un geste ample, il trace quelques traits sur la grande feuille, comme une danse.
Trois fois il répète cela, avec des pinceaux et des couleurs différentes…
L’ensemble de la prestation ne dure que quelques dizaines de secondes… certainement moins d’une minute… pour que se dresse devant eux un coq extraordinaire.
Ils sont face à une splendide œuvre d’art, dont le jaillissement crée la stupeur dans le visage de Paul…
LA réponse à toutes ses questions était-elle dans cette magistrale démonstration ?
Ah… Herbert est donc complice de ce magicien.
La leçon de vie était magnifique !
Cette fulgurance d'un instant… L'artiste est un génie !
L'art de peindre était donc aussi dans la perfection du geste, réalisé comme une démonstration de karaté !
Tout sourire, le peintre accueille l’étonnement de Paul en l’invitant, pour une fois, à la question.
Il roule l’œuvre, déjà sèche ; lui donne son coq… sous le regard approbateur des gardes de l’autorité politique, puis signe les documents officiels, pour les douanes et l’orphelinat.
Paul ne sait quoi dire…
Il hésite… et se lance finalement :
— Mais pourquoi m’avoir fait languir deux longs mois, avant de me dévoiler votre secret ? Pourquoi donc n'avoir pas réalisé ce coq, le jour même, lorsque je vous l'ai commandé ?
La surprise était alors suffisante, sans qu'il y ait méprise de votre talent !
Ou peut-être cette longue attente était le temps jugé par vous nécessaire à m'inciter à poursuivre davantage mon voyage intérieur ?
Mon ami Herbert vous a-t-il donné quelques consignes dévoilant mon impatience ?
Pensiez-vous que je n’étais pas déjà prêt à comprendre tout cela, dès mon arrivée à Pékin ?
Le son du gong retentit de nouveau…
L’adolescent disparaît quelques secondes… pour revenir auprès d’eux, les bras chargés d’une centaine de feuilles de papier de mûrier, similaires à celle de la peinture.
Il les dépose aux pieds de Paul, qui découvre, bouleversé… une suite impressionnante de brouillons et d'études d'esquisses en quadrichromie de… son coq !
Retour sur Terre ?
Le vol pour Paris est dans quatre heures…
C’est légèrement inquiets que Paul et Lyang retournent à l’échoppe, avec une valisette contenant l’équivalent de 28.000 dollars, en monnaie chinoise… soit près de 175.000 yuans.
Ils sont accompagnés de trois sévères gardes en civils délégués par les autorités politiques chinoises et La Bank of China Limited, ce qui les rassure encore moins…
Rien ne semble avoir changé depuis leur visite dans l’antre de l’ancêtre… comme si personne d’autre qu’eux n'avait franchi cette porte.
Un décor toujours aussi fantastique, pour une histoire abracadabrantesque : mais pourquoi donc Herbert a-t-il organisé cette étrange transaction dans un lieu totalement improbable ?
Le timbre mélodieux des tubes de métal qui se meuvent à l’ouverture de la porte a nécessairement prévenu le propriétaire… qui pourtant ne semble pas s’affoler d’une présence dans sa boutique…
Quelques longues minutes à attendre… et cependant, la richesse et la sérénité des lieux ne provoquent aucun ennui, ni même l’inquiétude de l’avion qui partira certainement à l’heure prévue, voyageurs présents ou non lors de l’embarquement.
Le voici…
Paul l’attendait, l’espérait depuis deux mois… comme s’il était le trésor recherché de ce voyage en Chine.
Presque fantomatique, il ne marche pas vers eux à travers son échoppe, il vole, effleurant chaque objet, donnant vie à l’inerte…
Il est beau, il rayonne… ce vieillard sans âge.
Paul et Lyang voient même les trois gardes se dérider… et arborer presque des sourires…
Alors il est temps de parler affaires… vite… hélas… alors que cent mille histoires seraient plus passionnantes à écouter de ce sage d’un autre monde.
— Messieurs, vous voici enfin.
Je suis prêt pour vous servir, dit-il, en mandarin ancien, se tournant vers Lyang.
— Nous sommes de retour afin d’effectuer la transaction prévue voici deux mois, traduit Lyang, à la demande de Paul.
— Bien entendu ! rétorque le vieil homme, Avez-vous la somme convenue ?
Le garde de la banque pose la valisette sur une table désignée, sans même l’ouvrir.
— C’est parfait…
Que les enfants du village orphelinat de San Cha vous irradient de leurs pensées les meilleures.
Ah… c’est donc cela, pense Paul… me voici projeté au cœur d’une mission humanitaire…
Beaucoup de mystères pour pas grand-chose finalement. C’est presque décevant.
Il n’a pas le temps de poursuivre sa réflexion, car le son mat d’un gong retentit.
Un adolescent apparaît avec un chevalet, qu’il pose devant eux…
Il étend une belle feuille bien épaisse, d’un papier vierge…
Et, dans un silence solennel, le vieillard saisit près de lui un long pinceau.
Il le trempe soigneusement dans un petit pot de peinture ; d’un geste ample, il trace quelques traits sur la grande feuille, comme une danse.
Trois fois il répète cela, avec des pinceaux et des couleurs différentes…
L’ensemble de la prestation ne dure que quelques dizaines de secondes… certainement moins d’une minute… pour que se dresse devant eux un coq extraordinaire.
Ils sont face à une splendide œuvre d’art, dont le jaillissement crée la stupeur dans le visage de Paul…
LA réponse à toutes ses questions était-elle dans cette magistrale démonstration ?
Ah… Herbert est donc complice de ce magicien.
La leçon de vie était magnifique !
Cette fulgurance d'un instant… L'artiste est un génie !
L'art de peindre était donc aussi dans la perfection du geste, réalisé comme une démonstration de karaté !
Tout sourire, le peintre accueille l’étonnement de Paul en l’invitant, pour une fois, à la question.
Il roule l’œuvre, déjà sèche ; lui donne son coq… sous le regard approbateur des gardes de l’autorité politique, puis signe les documents officiels, pour les douanes et l’orphelinat.
Paul ne sait quoi dire…
Il hésite… et se lance finalement :
— Mais pourquoi m’avoir fait languir deux longs mois, avant de me dévoiler votre secret ? Pourquoi donc n'avoir pas réalisé ce coq, le jour même, lorsque je vous l'ai commandé ?
La surprise était alors suffisante, sans qu'il y ait méprise de votre talent !
Ou peut-être cette longue attente était le temps jugé par vous nécessaire à m'inciter à poursuivre davantage mon voyage intérieur ?
Mon ami Herbert vous a-t-il donné quelques consignes dévoilant mon impatience ?
Pensiez-vous que je n’étais pas déjà prêt à comprendre tout cela, dès mon arrivée à Pékin ?
Le son du gong retentit de nouveau…
L’adolescent disparaît quelques secondes… pour revenir auprès d’eux, les bras chargés d’une centaine de feuilles de papier de mûrier, similaires à celle de la peinture.
Il les dépose aux pieds de Paul, qui découvre, bouleversé… une suite impressionnante de brouillons et d'études d'esquisses en quadrichromie de… son coq !
— Fin —
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Une peinture chinoise… Un nouveau Conte de moelle écrit par Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville