®© Du silence au mensonge,
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Du silence au mensonge
Chapitre VIII
Il est six heures du soir.
Les cloches de la chapelle me le rappellent. Elles sonnent tout le temps pour nous inviter à la prière, m'explique Ray : comme dans un monastère, les templiers respectent les sept temps de prières que le Seigneur nous a commandés, à travers la règle de Saint Benoît.
J'aurai certainement droit à des explications plus amples… Pour l'heure il faut œuvrer à la voiture.
Ils étaient six dans la 305, depuis D**.
Le voyage n'a pas dû être toujours très drôle !
Tous ne sont pas venus, Doudou a sélectionné : Yannick est présent — bien sûr — en tant que bras droit ; toujours égal à lui-même, toujours avec sa moustache en vieux duvet que j'aurais rasée depuis longtemps. Il y a son frère Guillaume — le plus sympa à mes yeux — Sébastien, Étienne que je ne supporte toujours pas, et un nouvel inconnu qui semble jurer au milieu d'eux : un adolescent de treize ou quatorze ans, un brun au beau regard franc. Il m'inspire aussitôt confiance. C'est Guillaume qui me le présente.
- — Voilà Stéphane qui vient de nous rejoindre avant le camp. Il vient d'arriver à D** et souhaite devenir scout… Il a rencontré Étienne. Il a accepté — après explications de Doudou — de venir chez nous pour devenir Page, car Étienne va passer Écuyer.
- — Un au moins, qui ne se sera pas embêté à aller d'abord chez les scouts, dit Étienne. comme ça il ne sera pas déçu !
Je suis presque vexé
de voir ce beau gars débarquer
dans le groupe de Yannick.
Je l'aurais bien pris
dans mon nouvel échelon.
Il semble être quelqu'un
de vraiment sympathique.
de voir ce beau gars débarquer
dans le groupe de Yannick.
Je l'aurais bien pris
dans mon nouvel échelon.
Il semble être quelqu'un
de vraiment sympathique.
L'auto se vide avec méthode. Tout est déjà prévu, programmé d'avance, et chacun s'exécute. Pour le couchage c'est aussi simple : Yannick et Doudou dans la chambre du fond, les quatre garçons dans la grande chambre, avec le canapé-lit pour Étienne et Stéphane, s'ils n'y voient pas d'inconvénient… comme me le fait remarquer Yvon Ray : “à la guerre comme à la guerre”, et si cela les dérange, ils peuvent toujours dormir à terre.
Il nous faut songer au dîner, et rien n'est encore préparé. Mon étonnement est de taille : tout se fait avec une rigueur que les scouts pourraient bien nous envier. Chacun a une responsabilité, et s'exécute sans rien dire.
L'organisation est parfaite.
Au menu : potage, truites aux amandes, riz, fromage et compote. Sébastien et Guillaume s'occupent du repas, Étienne installe le couvert avec Stéphane. Yannick supervise.
En moins d'une demi-heure tout est préparé : les poissons sont au four.
De mon côté j'essaie d'aider un peu tout le monde pour ne pas paraître inutile, mais je sens que je dérange les jeunes. Ma place n'est pas ici, parmi eux. Je dois rejoindre Ray et Lemire. Yannick me le fait comprendre très gentiment, en me disant qu'il n'a rien de spécial à me donner comme tâche pour ce soir.
J'entre dans un univers tout à fait nouveau pour moi. C'est difficile à accepter car je suis plus proche en âge de Guillaume et des autres, que de Ray et Lemire.
La petite cloche sonne pour annoncer le repas. Chacun arrive après s'être lavé les mains. Le bénédicité est chanté par tous, puis suivant la règle établie, l'on se place à table. Je me vois attribuer la place à la droite d'Yvon.
Lemire — que tout le monde doit appeler Doudou — s'installe à sa gauche. Sur la petite table, se rassemblent les jeunes, avec Louis, arrivé quelques minutes avant le repas. C'est un enfant semblant avoir onze ou douze ans, assez grand. Il est très frêle, au visage maladif, les mains couvertes de verrues. Il inspire plutôt la pitié.
Chaque jeune de la petite table fait sa part du service. Comme pour la préparation, pas de bousculade, pas d'attente… L'un se charge du pain, un autre du vin ; les serviteurs sont aux petits soins des maîtres…
C'est notre système d'éducation, raconte fièrement Doudou.
Il nous faut songer au dîner, et rien n'est encore préparé. Mon étonnement est de taille : tout se fait avec une rigueur que les scouts pourraient bien nous envier. Chacun a une responsabilité, et s'exécute sans rien dire.
L'organisation est parfaite.
Au menu : potage, truites aux amandes, riz, fromage et compote. Sébastien et Guillaume s'occupent du repas, Étienne installe le couvert avec Stéphane. Yannick supervise.
En moins d'une demi-heure tout est préparé : les poissons sont au four.
De mon côté j'essaie d'aider un peu tout le monde pour ne pas paraître inutile, mais je sens que je dérange les jeunes. Ma place n'est pas ici, parmi eux. Je dois rejoindre Ray et Lemire. Yannick me le fait comprendre très gentiment, en me disant qu'il n'a rien de spécial à me donner comme tâche pour ce soir.
J'entre dans un univers tout à fait nouveau pour moi. C'est difficile à accepter car je suis plus proche en âge de Guillaume et des autres, que de Ray et Lemire.
La petite cloche sonne pour annoncer le repas. Chacun arrive après s'être lavé les mains. Le bénédicité est chanté par tous, puis suivant la règle établie, l'on se place à table. Je me vois attribuer la place à la droite d'Yvon.
Lemire — que tout le monde doit appeler Doudou — s'installe à sa gauche. Sur la petite table, se rassemblent les jeunes, avec Louis, arrivé quelques minutes avant le repas. C'est un enfant semblant avoir onze ou douze ans, assez grand. Il est très frêle, au visage maladif, les mains couvertes de verrues. Il inspire plutôt la pitié.
- — C'est un orphelin m'explique Ray. il loge habituellement dans un foyer pour jeunes et vient d'entrer en C.A.P. Il a quatorze ans. L'ambiance est assez mauvaise entre ces gamins livrés à eux-mêmes. J'ai demandé à la D.D.A.S.S. les autorisations afin de devenir son tuteur. Maintenant, Louis passe la majeure partie de sa vie à la commanderie ; c'est plus sain.
Chaque jeune de la petite table fait sa part du service. Comme pour la préparation, pas de bousculade, pas d'attente… L'un se charge du pain, un autre du vin ; les serviteurs sont aux petits soins des maîtres…
- — Nous avons un sommelier, notre trancheur-aiguiseur, nos maîtres-queux… Il est nécessaire que chacun trouve une tâche, une responsabilité selon ses compétences.
C'est notre système d'éducation, raconte fièrement Doudou.
Tout est si bien organisé,
si bien étudié
que j'en éprouve
un certain malaise.
J'ai la sensation
de me retrouver
au Moyen-Âge
que je n’aime pas :
au milieu d'une société
à deux vitesses,
où des maîtres
et des esclaves
se côtoient…
Des esclaves volontaires,
consentants,
s'exécutant
sans broncher,
sans fautes,
avec plaisir, même !
Jamais
dans le scoutisme
je ne puis imaginer
un tel système.
À tout moment
je désire me lever,
aller les aider…
Je suis finalement
presque honteux
de rester à ma place,
d'être servi par eux.
Et pourtant,
le regard inquisiteur
d'Yvon
me cloue sur ma chaise.
Je suis condamné à subir.
Il me faut certainement
apprendre quelques règles
nouvelles
sur la discipline.
À l'armée,
pendant les périodes militaires
où je suis maintenant
"caporal d'instruction",
la fonction prime sur le grade,
et mon capitaine
est davantage attentif
à ma construction !
Aux scouts,
la hiérarchie
est plutôt horizontale.
si bien étudié
que j'en éprouve
un certain malaise.
J'ai la sensation
de me retrouver
au Moyen-Âge
que je n’aime pas :
au milieu d'une société
à deux vitesses,
où des maîtres
et des esclaves
se côtoient…
Des esclaves volontaires,
consentants,
s'exécutant
sans broncher,
sans fautes,
avec plaisir, même !
Jamais
dans le scoutisme
je ne puis imaginer
un tel système.
À tout moment
je désire me lever,
aller les aider…
Je suis finalement
presque honteux
de rester à ma place,
d'être servi par eux.
Et pourtant,
le regard inquisiteur
d'Yvon
me cloue sur ma chaise.
Je suis condamné à subir.
Il me faut certainement
apprendre quelques règles
nouvelles
sur la discipline.
À l'armée,
pendant les périodes militaires
où je suis maintenant
"caporal d'instruction",
la fonction prime sur le grade,
et mon capitaine
est davantage attentif
à ma construction !
Aux scouts,
la hiérarchie
est plutôt horizontale.
Une fois la table débarrassée et la vaisselle faite, tous se retrouvent dans la partie salon. À tous ces jeunes travailleurs, Doudou fait une distribution bien large de cigarettes, tirées d'un bel écrin en bois marqueté. Je refuse les deux tendues, sous le regard désapprobateur de Yannick. Je comprends que c'est incorrect, mais je n'ai pas trop envie d'accepter : jamais le tabac ne m'a réellement attiré. Si le goût initial et le fait de jouer avec la fumée me satisfait un temps, j'ai trop longtemps ensuite, cette sensation d'avoir la bouche pâteuse.
J'avais un peu fumé — enfant — pendant les vacances passées chez les grands parents maternels et paternels, avec notamment mon cher cousin Paul, lors de nos merveilleuses aventures, ou avec Albin et Romuald. Nous faisions cela davantage par défi vis-à-vis des adultes, bien plus que par plaisir. Notre plus grande joie était de pouvoir camoufler notre “méfait”… Nous avions essayé tous les trucs ! Le plus efficace devait être sans aucun doute le dentifrice pour l'haleine, et la nudité… afin d'éviter que les habits ne sentent !
Lemire sait que je ne fume pas. Il n'ose pas trop discuter sur le tabac avec moi. Je suis tout de même surpris de me retrouver le seul non fumeur de la bande. J’accepte cependant cela. C’est comme beaucoup de coutumes inconnues à mettre au rang de mon ignorance, sur les manières de vivre dans les différents milieux. La société est ainsi. Je suis satisfait de pouvoir apprendre afin de connaître d’autres systèmes d’éducation.
J'ai envie de me coucher vite…
Personne n'insiste pour me garder !
J'avais un peu fumé — enfant — pendant les vacances passées chez les grands parents maternels et paternels, avec notamment mon cher cousin Paul, lors de nos merveilleuses aventures, ou avec Albin et Romuald. Nous faisions cela davantage par défi vis-à-vis des adultes, bien plus que par plaisir. Notre plus grande joie était de pouvoir camoufler notre “méfait”… Nous avions essayé tous les trucs ! Le plus efficace devait être sans aucun doute le dentifrice pour l'haleine, et la nudité… afin d'éviter que les habits ne sentent !
Lemire sait que je ne fume pas. Il n'ose pas trop discuter sur le tabac avec moi. Je suis tout de même surpris de me retrouver le seul non fumeur de la bande. J’accepte cependant cela. C’est comme beaucoup de coutumes inconnues à mettre au rang de mon ignorance, sur les manières de vivre dans les différents milieux. La société est ainsi. Je suis satisfait de pouvoir apprendre afin de connaître d’autres systèmes d’éducation.
J'ai envie de me coucher vite…
Personne n'insiste pour me garder !
Je n’accueille pas
leur façon d’être.
Je l’accepte à peine :
je la tolère.
Je ne me sens pas
supérieur :
peut-être différent ?
leur façon d’être.
Je l’accepte à peine :
je la tolère.
Je ne me sens pas
supérieur :
peut-être différent ?
* * *
C'est Guillaume qui me réveille gentiment.
Le petit-déjeuner est prêt. Il y a beaucoup à faire aujourd'hui, je dois me dépêcher.
Rapidement habillé, après une toilette sommaire… un bol de lait et une tartine pris en vitesse, je suis sommé par Yvon pour téléphoner à la maison. Il est important de donner quelques nouvelles aux parents.
J'annonce que tout va bien, que le voyage s'est bien passé et que la nourriture est bonne. Le téléphone est dans le salon de la grande salle… et il y a beaucoup de monde…
Deux nouvelles têtes viennent d'arriver ce matin : Jean-Claude, trente-cinq ans, gros bonhomme, grand type genre “armoire à glace”. Il a une réelle allure d’ogre. Il porte une énorme chevalière armoriée au « petit » doigt de son énorme main gauche, sur laquelle je fixe sans discrétion mon regard.
L'autre, Patrick… fait plutôt oiseau mal éclos. Comme Yannick en plus âgé. Il doit avoir environ vingt ans. Maigre et boutonneux, il est mal habillé avec une chemise au col râpé, “années soixante-dix”. Loin de pétiller d'intelligence, il devrait sans problème entrer dans le lot des petits !
Chacun d'eux prend place à la grande table pour le déjeuner. Je suis installé entre Yvon et Jean-Claude. Patrick est à côté de Doudou.
J'ai essayé ce matin encore, de me joindre aux plus jeunes pour les activités de la maisonnée. Cette fois, cela m'a été clairement interdit. Seules la lecture et la discussion me sont accordées.
Après le repas, nous sommes invités — Patrick et moi — à aller « visiter » les environs. Nous sommes persona non grata jusqu'à dix-huit heures ce soir. Interdiction formelle d'approcher la Commanderie.
Je pars alors pour une grande promenade dans la campagne bourguignonne. Une après midi de balade où je discute de tout et de rien avec mon compagnon d'infortune… de tout, ou plutôt de religion surtout.
La vie et la mort… Il ne veut plus croire. Après avoir passé deux ans au séminaire, il est parti pour une année de réflexion… Il pense avoir perdu la foi.
Le petit-déjeuner est prêt. Il y a beaucoup à faire aujourd'hui, je dois me dépêcher.
Rapidement habillé, après une toilette sommaire… un bol de lait et une tartine pris en vitesse, je suis sommé par Yvon pour téléphoner à la maison. Il est important de donner quelques nouvelles aux parents.
J'annonce que tout va bien, que le voyage s'est bien passé et que la nourriture est bonne. Le téléphone est dans le salon de la grande salle… et il y a beaucoup de monde…
Deux nouvelles têtes viennent d'arriver ce matin : Jean-Claude, trente-cinq ans, gros bonhomme, grand type genre “armoire à glace”. Il a une réelle allure d’ogre. Il porte une énorme chevalière armoriée au « petit » doigt de son énorme main gauche, sur laquelle je fixe sans discrétion mon regard.
- — “D'or à une aigle éployée de sable, becquée et membrée de gueule prenant en ses serres des fleurs de lys de même, et cantonnée de deux autres en pointe”, m'explique-t-il. ce sont des armoiries reconnues par l'état. Elles sont enregistrées… et peintes dans la grande salle, ajoute-t-il, non sans fierté !
L'autre, Patrick… fait plutôt oiseau mal éclos. Comme Yannick en plus âgé. Il doit avoir environ vingt ans. Maigre et boutonneux, il est mal habillé avec une chemise au col râpé, “années soixante-dix”. Loin de pétiller d'intelligence, il devrait sans problème entrer dans le lot des petits !
Chacun d'eux prend place à la grande table pour le déjeuner. Je suis installé entre Yvon et Jean-Claude. Patrick est à côté de Doudou.
J'ai essayé ce matin encore, de me joindre aux plus jeunes pour les activités de la maisonnée. Cette fois, cela m'a été clairement interdit. Seules la lecture et la discussion me sont accordées.
Après le repas, nous sommes invités — Patrick et moi — à aller « visiter » les environs. Nous sommes persona non grata jusqu'à dix-huit heures ce soir. Interdiction formelle d'approcher la Commanderie.
Je pars alors pour une grande promenade dans la campagne bourguignonne. Une après midi de balade où je discute de tout et de rien avec mon compagnon d'infortune… de tout, ou plutôt de religion surtout.
La vie et la mort… Il ne veut plus croire. Après avoir passé deux ans au séminaire, il est parti pour une année de réflexion… Il pense avoir perdu la foi.
Perdre la foi,
c'est certainement
dramatique,
affolant même,
mais avoir la foi
qu'est-ce que c'est au juste ?
Ai-je moi-même la foi ?
J’ai un idéal,
j’ai des valeurs humaines…
cependant
la morale religieuse
ne me touche guère
depuis fort longtemps.
Elle ne fonctionne pas
avec mon sens de la vie.
Je n’ai d’ailleurs
jamais réussi
à comprendre l’idée
de Dieu…
d’un dieu ?
Si Jésus
est un personnage
qui me passionne,
et m’invite à la question…
le principe d’un dieu
m’est réellement inconnu.
C’est un réel problème
vis-à-vis de ma famille,
mais j’ai toujours
— jusque maintenant —
réussi à cacher
cet état maladif
de « non-croyant »
de naissance !
Même
le pari de Pascal
me semble ridicule,
et je voudrais bien approfondir
le choix de Voltaire
pour son enterrement.
c'est certainement
dramatique,
affolant même,
mais avoir la foi
qu'est-ce que c'est au juste ?
Ai-je moi-même la foi ?
J’ai un idéal,
j’ai des valeurs humaines…
cependant
la morale religieuse
ne me touche guère
depuis fort longtemps.
Elle ne fonctionne pas
avec mon sens de la vie.
Je n’ai d’ailleurs
jamais réussi
à comprendre l’idée
de Dieu…
d’un dieu ?
Si Jésus
est un personnage
qui me passionne,
et m’invite à la question…
le principe d’un dieu
m’est réellement inconnu.
C’est un réel problème
vis-à-vis de ma famille,
mais j’ai toujours
— jusque maintenant —
réussi à cacher
cet état maladif
de « non-croyant »
de naissance !
Même
le pari de Pascal
me semble ridicule,
et je voudrais bien approfondir
le choix de Voltaire
pour son enterrement.
Je lui demande les raisons de sa présence à B**.
C'est grâce à Jean-Claude.
Patrick me raconte un peu plus sa vie. Il se dévoile : maîtrise d'histoire — prof ayant peur de ses élèves — il pensait avoir reçu « l'appel » pour entrer dans les ordres.
Démissionnaire du grand séminaire… errant depuis quelques mois, la proposition de prendre quelques jours de méditation dans la Commanderie l'a séduit.
Il espère — au milieu de nous — retrouver la sérénité qui lui manque. La seule chose souhaitée est de ne pas être astreint à une vie monacale. Un peu d'aventure, pour réussir à se situer !
Il se pense plus philosophe humaniste que croyant.
C'est grâce à Jean-Claude.
Patrick me raconte un peu plus sa vie. Il se dévoile : maîtrise d'histoire — prof ayant peur de ses élèves — il pensait avoir reçu « l'appel » pour entrer dans les ordres.
Démissionnaire du grand séminaire… errant depuis quelques mois, la proposition de prendre quelques jours de méditation dans la Commanderie l'a séduit.
Il espère — au milieu de nous — retrouver la sérénité qui lui manque. La seule chose souhaitée est de ne pas être astreint à une vie monacale. Un peu d'aventure, pour réussir à se situer !
Il se pense plus philosophe humaniste que croyant.
Je n'éprouve
aucune attirance
ni sympathie pour lui.
or j’aime
sa définition de
« philosophe humaniste »
qui me séduit.
Cela me plaît
de suivre les pas
de Michel de Montaigne…
et rester
dans la tour du château
à lire et écrire…
se donner
quelques espaces
de libertés :
rencontrer avec plaisir
son ami
Étienne de La Boétie,
savourer ses découvertes,
et retourner à ses livres.
Malgré notre niveau
d'étude différent,
Patrick me laisse m'exprimer
sans m'écraser
par son savoir universitaire
qui diffère
peu finalement du mien…
grâce à mes lectures.
C’est plus fort que moi,
je profite
du personnage
prolixe à la dispute
pour apprendre
encore
et tenter de mieux
me comprendre…
en lui confrontant
mes idées
pour les tester !
J'essaie alors de lui expliquer
“ma théorie” de la vie…
d’un jeune de dix-huit ans.
aucune attirance
ni sympathie pour lui.
or j’aime
sa définition de
« philosophe humaniste »
qui me séduit.
Cela me plaît
de suivre les pas
de Michel de Montaigne…
et rester
dans la tour du château
à lire et écrire…
se donner
quelques espaces
de libertés :
rencontrer avec plaisir
son ami
Étienne de La Boétie,
savourer ses découvertes,
et retourner à ses livres.
Malgré notre niveau
d'étude différent,
Patrick me laisse m'exprimer
sans m'écraser
par son savoir universitaire
qui diffère
peu finalement du mien…
grâce à mes lectures.
C’est plus fort que moi,
je profite
du personnage
prolixe à la dispute
pour apprendre
encore
et tenter de mieux
me comprendre…
en lui confrontant
mes idées
pour les tester !
J'essaie alors de lui expliquer
“ma théorie” de la vie…
d’un jeune de dix-huit ans.
Selon moi, chacun de nous naît pour une mission particulière, un rôle précis à jouer dans la société.
Après notre conception, nous sommes tous maîtres de nous-mêmes, cependant nous avons à recomposer notre histoire : il nous faut tout restaurer de nouveau, parce que nos parents ont donné chacun une demi-histoire, et leurs parents aussi. Nous avons donc à réapprendre notre passé. C’est pour cela que j’aime la généalogie.
Je me découvre beaucoup en étudiant aussi les frères, sœurs, oncles et tantes des ascendants, persuadé qu’ils possèdent une part de mon histoire !
De ce vécu, c'est — je pense — à chacun de nous de suivre ou non la route qui semble se proposer, que nous ne connaissons pas. La mort, c'est l'échéance.
Nous sommes alors pris comme dans une explosion d’énergie que les autres peuvent capter, utiliser pour se nourrir. Elle sera puissante parce que notre mission a été accomplie, ou insignifiante parce que nous ne sommes pas dignes de plus… si nous n'avons pas été capables de réaliser ce qui devait être fait.
Il n’y a pas de dieu dans tout cela. Peut-être un peu d’immortalité de l’âme qui se diffuse en chaque être réceptif ?
Un homme qui s’achève est un fruit pour les autres. Sinon, il reste une branche qui donne suite à d’autres branches.
Je ne veux pas avoir de descendance.
Peut-être est-il bien de poser des questions sans s'inquiéter des réponses ?
Le sens de la vie ?
Après notre conception, nous sommes tous maîtres de nous-mêmes, cependant nous avons à recomposer notre histoire : il nous faut tout restaurer de nouveau, parce que nos parents ont donné chacun une demi-histoire, et leurs parents aussi. Nous avons donc à réapprendre notre passé. C’est pour cela que j’aime la généalogie.
Je me découvre beaucoup en étudiant aussi les frères, sœurs, oncles et tantes des ascendants, persuadé qu’ils possèdent une part de mon histoire !
De ce vécu, c'est — je pense — à chacun de nous de suivre ou non la route qui semble se proposer, que nous ne connaissons pas. La mort, c'est l'échéance.
Nous sommes alors pris comme dans une explosion d’énergie que les autres peuvent capter, utiliser pour se nourrir. Elle sera puissante parce que notre mission a été accomplie, ou insignifiante parce que nous ne sommes pas dignes de plus… si nous n'avons pas été capables de réaliser ce qui devait être fait.
Il n’y a pas de dieu dans tout cela. Peut-être un peu d’immortalité de l’âme qui se diffuse en chaque être réceptif ?
Un homme qui s’achève est un fruit pour les autres. Sinon, il reste une branche qui donne suite à d’autres branches.
Je ne veux pas avoir de descendance.
- — Et l'enfant qui meurt à quelques mois ?
- — Peut-être a-t-il — en ces quelques mois — réalisé ce qui devait donner sens à sa vie ? La vie la plus longue n'est pas toujours la plus riche. La mort de quelqu'un peut être la source d’énergie pour les autres qui restent ?
Peut-être est-il bien de poser des questions sans s'inquiéter des réponses ?
- — As-tu trouvé ta voie, Philippe ? Parce que moi, je cherche depuis cinq ans, au point de me demander s'il ne vaudrait pas mieux que je me suicide !
- — Le suicide me semble être une preuve de lâcheté presque courageuse… ou bien il faut être vraiment désespéré ! Si tu veux mourir, laisse la nature ou… ton dieu agir ! Quand il remarquera ton incapacité, il ne s'embêtera pas à te laisser vivre inutilement… As-tu déjà commencé à vivre ? Quand j'y réfléchis, tu as beaucoup de chance de ne chercher ta voie que depuis cinq ans… moi, en fait, cela fait dix-huit ans que j'essaie de trouver ma raison d'être !
Le sens de la vie ?
Vers le
Chapitre IX
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