Création artistique de Franck PASQUALINI pour le poème L'envol, extrait du recueil Solitude étrangère ©.
Yves Philippe de Francqueville
pirate des mots et philanalyste en herbe,
présente le quatrième et dernier tome du Cycle de l'Austrel : la Mort de l'Archyeur.
Septième partie.
Tous droits réservés ©.
Yves Philippe de Francqueville
pirate des mots et philanalyste en herbe,
présente le quatrième et dernier tome du Cycle de l'Austrel : la Mort de l'Archyeur.
Septième partie.
Tous droits réservés ©.
[Le vieux Sarx lévimodulaire s'arrête devant la cellule de Yeph. Chris en descend non sans peine.]
Yeph :
— Pas si facile de se déplacer lorsque les transfaxes sont hors service, Chris !
Chris :
— Ah, Yeph, c'est toi !
La dernière fois que j'ai dû utiliser cet engin, c'était il y a déjà si longtemps…
Une éternité peut-être ?
Yeph :
— Tu t'en souviens ?
Chris :
— Tu étais présent…
Oui ?
Oui…
Je l'ai toujours pensé !
Yeph :
— Ah, petit frère…
Il y a certainement eu « Le grand Jour » pour l'Archyeur… mais pour moi, te retrouver avec Tomas fut le commencement d'une nouvelle ère.
Ce fut aussi mon grand jour !
Chris :
— Peut-être aurais-tu préféré ne pas devoir alors te bâtir cette vie si triste ?
Yeph :
— Triste ?
Oui et non, Chris.
Je suis triste, soit… cependant ma vie ne l'est pas !
J'aime mon existence.
Oui, cette nuit-là, j'étais en visio-direct lorsque Tomas et toi vous fûtes déchargés avec soin comme deux précieux colis du vieux Sarx[i].
J'ai assisté aussi à la déprogrammation de votre greffe seconde. Ce fut très angoissant de voir le chirurgien, un peu trop sûr de lui, retirer ces implants cellulaires.
Nous ne savions pas à l'époque les risques encourus et les séquelles à venir pour beaucoup d'entre vous.
Les médecins se veulent porteurs de vérités temporelles et leur assurance — comme ils arborent fièrement des diplômes certifiant des connaissances que nous n'avons pas — nous impose le respect.
Nous sommes contraints de leurs donner notre confiance, au risque trop souvent de subir des erreurs découlant parfois de leur médiocrité, de leur orgueil ou de leur cupidité.
Je suis désolé…
Désolé…
Sincèrement…
Chris :
— Oh, Yeph ce n'est pas de ta faute.
C'était quasi impossible de pouvoir imaginer l'impact de la greffe sur le cerveau.
Tu ne dois pas culpabiliser.
Le chirurgien aussi, a cru certainement faire de son mieux.
Il ne savait pas.
Il pensait bien agir.
Seul l'Archyeur est responsable.
Yeph :
— Pas même.
Érik espérait vraiment vous offrir le bonheur, la paix… sous la forme d'une béatitude angélique.
Il idéalisait sincèrement son nouveau monde de "sujets parfaits".
Il vous offrait le paradis sur cette terre : vous deveniez libres de vivre le "bien" à ses yeux puisque vous ne pouviez plus être conscients de la notion de "mal"[ii].
Ses savants chercheurs et les sages politologues avaient — une fois encore — trouvé le remède miracle pour sauver l'humanité en souffrance !
L'Archyeur souhaitait lui-même être greffé et le fut.
Il vivait dans un tel rejet de son corps détestable que l'amour humain lui semblait une hérésie.
Beaucoup de femmes et d’hommes prennent chaque jour quelques places de pouvoirs restée vacante sur des clans ou des tribus de moutons dociles.
Écoutés en silence, ils s'assurent alors une légitimité née de la non réaction de celles et ceux pour qui le pain et les jeux suffisent.
Ces êtres de souffrance — souvent médiocres — en prenant la tête du troupeau, deviennent alors juges et bourreaux, porteurs de lois et de certitudes… souvent exécuteurs aussi des basses œuvres.
Les vérités qu'imposent ces petits chefs — persécuteurs en raison de leur mal-être — conduisent tôt ou tard, tous et chacun, à l'abattoir.
Les guerres se suivent…
Les morts s'annoncent !
Érik, par son impuissance à s’aimer et donc à se procurer du plaisir… était sûr de lui dans son projet : sa mission de protéger les humains d'eux-mêmes avait du sens !
Vous deviez — comme lui — devenir de purs esprits utilisant le corps comme objet pratique et docile pour communiquer.
Grâce à la greffe seconde, plus de pulsion, de désir, de besoin… Vos corps devenaient des machines de chair et d'os, régulés par une cellule greffée dans votre cortex.
Chris :
— Quelle horreur !
C'est difficile à imaginer… et cependant, tu n'as semble-t-il pas de haine envers ce tyran qui a cautionné la mort de tant de personnes, dont notre frère, ton jumeau…
Nous devons aussi aux apprentis sorciers de l'Archyeur tous ces handicaps subis, pour nous… qui sommes en vie.
Yeph :
— Tu es dans quel état, petit frère ?
Chris :
— Oh, ne t'inquiète pas pour moi, Yeph.
Les leçons de vie d'Emma m'ont fortifié et conforté dans ma capacité à senser ma vie.
Oui, cher Yeph, n'aie pas peur pour moi : je suis bien vivant.
Même si la vie n'est pas simple au quotidien, mon histoire aussi est heureuse.
J'ai plaisir à écouter, rencontrer pour créer… Et les sons s'offrent en mélodies. La musique naît de mes doigts et les notes jaillissent toujours davantage, pour que je puisse vivre mes émotions avec celles et ceux qui le souhaitent !
[i] Lire ou relire le conte de Moelle intitulé « Le Grand Jour », du même auteur… toujours traduit de l'américain par Olam Salomon P. et revisité par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.
[ii] Merci à SAINT-AUGUSTIN et sa Cité de Dieu idéale où "l'homme sera libre car il ne pourra plus pécher"…
— Pas si facile de se déplacer lorsque les transfaxes sont hors service, Chris !
Chris :
— Ah, Yeph, c'est toi !
La dernière fois que j'ai dû utiliser cet engin, c'était il y a déjà si longtemps…
Une éternité peut-être ?
Yeph :
— Tu t'en souviens ?
Chris :
— Tu étais présent…
Oui ?
Oui…
Je l'ai toujours pensé !
Yeph :
— Ah, petit frère…
Il y a certainement eu « Le grand Jour » pour l'Archyeur… mais pour moi, te retrouver avec Tomas fut le commencement d'une nouvelle ère.
Ce fut aussi mon grand jour !
Chris :
— Peut-être aurais-tu préféré ne pas devoir alors te bâtir cette vie si triste ?
Yeph :
— Triste ?
Oui et non, Chris.
Je suis triste, soit… cependant ma vie ne l'est pas !
J'aime mon existence.
Oui, cette nuit-là, j'étais en visio-direct lorsque Tomas et toi vous fûtes déchargés avec soin comme deux précieux colis du vieux Sarx[i].
J'ai assisté aussi à la déprogrammation de votre greffe seconde. Ce fut très angoissant de voir le chirurgien, un peu trop sûr de lui, retirer ces implants cellulaires.
Nous ne savions pas à l'époque les risques encourus et les séquelles à venir pour beaucoup d'entre vous.
Les médecins se veulent porteurs de vérités temporelles et leur assurance — comme ils arborent fièrement des diplômes certifiant des connaissances que nous n'avons pas — nous impose le respect.
Nous sommes contraints de leurs donner notre confiance, au risque trop souvent de subir des erreurs découlant parfois de leur médiocrité, de leur orgueil ou de leur cupidité.
Je suis désolé…
Désolé…
Sincèrement…
Chris :
— Oh, Yeph ce n'est pas de ta faute.
C'était quasi impossible de pouvoir imaginer l'impact de la greffe sur le cerveau.
Tu ne dois pas culpabiliser.
Le chirurgien aussi, a cru certainement faire de son mieux.
Il ne savait pas.
Il pensait bien agir.
Seul l'Archyeur est responsable.
Yeph :
— Pas même.
Érik espérait vraiment vous offrir le bonheur, la paix… sous la forme d'une béatitude angélique.
Il idéalisait sincèrement son nouveau monde de "sujets parfaits".
Il vous offrait le paradis sur cette terre : vous deveniez libres de vivre le "bien" à ses yeux puisque vous ne pouviez plus être conscients de la notion de "mal"[ii].
Ses savants chercheurs et les sages politologues avaient — une fois encore — trouvé le remède miracle pour sauver l'humanité en souffrance !
L'Archyeur souhaitait lui-même être greffé et le fut.
Il vivait dans un tel rejet de son corps détestable que l'amour humain lui semblait une hérésie.
Beaucoup de femmes et d’hommes prennent chaque jour quelques places de pouvoirs restée vacante sur des clans ou des tribus de moutons dociles.
Écoutés en silence, ils s'assurent alors une légitimité née de la non réaction de celles et ceux pour qui le pain et les jeux suffisent.
Ces êtres de souffrance — souvent médiocres — en prenant la tête du troupeau, deviennent alors juges et bourreaux, porteurs de lois et de certitudes… souvent exécuteurs aussi des basses œuvres.
Les vérités qu'imposent ces petits chefs — persécuteurs en raison de leur mal-être — conduisent tôt ou tard, tous et chacun, à l'abattoir.
Les guerres se suivent…
Les morts s'annoncent !
Érik, par son impuissance à s’aimer et donc à se procurer du plaisir… était sûr de lui dans son projet : sa mission de protéger les humains d'eux-mêmes avait du sens !
Vous deviez — comme lui — devenir de purs esprits utilisant le corps comme objet pratique et docile pour communiquer.
Grâce à la greffe seconde, plus de pulsion, de désir, de besoin… Vos corps devenaient des machines de chair et d'os, régulés par une cellule greffée dans votre cortex.
Chris :
— Quelle horreur !
C'est difficile à imaginer… et cependant, tu n'as semble-t-il pas de haine envers ce tyran qui a cautionné la mort de tant de personnes, dont notre frère, ton jumeau…
Nous devons aussi aux apprentis sorciers de l'Archyeur tous ces handicaps subis, pour nous… qui sommes en vie.
Yeph :
— Tu es dans quel état, petit frère ?
Chris :
— Oh, ne t'inquiète pas pour moi, Yeph.
Les leçons de vie d'Emma m'ont fortifié et conforté dans ma capacité à senser ma vie.
Oui, cher Yeph, n'aie pas peur pour moi : je suis bien vivant.
Même si la vie n'est pas simple au quotidien, mon histoire aussi est heureuse.
J'ai plaisir à écouter, rencontrer pour créer… Et les sons s'offrent en mélodies. La musique naît de mes doigts et les notes jaillissent toujours davantage, pour que je puisse vivre mes émotions avec celles et ceux qui le souhaitent !
[i] Lire ou relire le conte de Moelle intitulé « Le Grand Jour », du même auteur… toujours traduit de l'américain par Olam Salomon P. et revisité par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.
[ii] Merci à SAINT-AUGUSTIN et sa Cité de Dieu idéale où "l'homme sera libre car il ne pourra plus pécher"…
IMPROMPTU
Sur ces lames de nacre et d’ébène, des mains
Laissent libres leurs doigts d’élever ces parfums
Hors du vase sacré... mélodie enivrante
Aux multiples reflets : vive gamme brûlante.
Assis près de l’enfant, j’écoute le silence
Éveiller en son cœur une subtile aisance :
L’harmonie étonnante a révélé soudain
Ce désir de créer, cet appel au divin.
Alors, le temps n’est plus, le rêve emplit l’espace ;
L’artiste et l’instrument ne sont plus face à face...
Notre genèse est là qui jamais n’a fini :
De l’un nous jaillit l’autre afin d’en être uni.
Animé par l’esprit chaque accord est naissance ;
Il découvre en nos yeux des larmes d’innocence,
Évanouit la peur, dévoile sublimé,
Un visage apaisé de se savoir aimé.
Laissent libres leurs doigts d’élever ces parfums
Hors du vase sacré... mélodie enivrante
Aux multiples reflets : vive gamme brûlante.
Assis près de l’enfant, j’écoute le silence
Éveiller en son cœur une subtile aisance :
L’harmonie étonnante a révélé soudain
Ce désir de créer, cet appel au divin.
Alors, le temps n’est plus, le rêve emplit l’espace ;
L’artiste et l’instrument ne sont plus face à face...
Notre genèse est là qui jamais n’a fini :
De l’un nous jaillit l’autre afin d’en être uni.
Animé par l’esprit chaque accord est naissance ;
Il découvre en nos yeux des larmes d’innocence,
Évanouit la peur, dévoile sublimé,
Un visage apaisé de se savoir aimé.
Yeph :
— Promets-moi sincèrement que tu ne sousvis pas…
Chris :
— Je puis t'assurer de même que je ne survis pas non plus !
Je suis vivant.
Yeph :
— Ah, Chris, petit frère… comme il me manque !
— Promets-moi sincèrement que tu ne sousvis pas…
Chris :
— Je puis t'assurer de même que je ne survis pas non plus !
Je suis vivant.
Yeph :
— Ah, Chris, petit frère… comme il me manque !
[Arrivée de Franch.]
Franch :
— Et à moi donc…
Ah…
Il n’espérait pas ou plus…
Il n'a pas eu la force ?
Yeph :
— Si…
C'est ainsi.
Il savait malgré tout qu'il était condamné à subir sans espoir cette dégénérescence cérébrale. Partir pour le sanatorium était une illusion rassurante pour celles et ceux qui l'aimaient.
Il gardait cependant encore la possibilité d'une autre porte de vie.
Lorsque l'Offryde a échoué, il fut extraordinaire.
Il a puisé en lui-même son ultime espace de lucidité totale pour nous offrir un départ bouleversant de sagesse.
Tu n'étais pas là, Franch, lorsque c'est arrivé.
Chris :
— Pour ma part, j'étais présent afin de l'entendre vivre ses derniers instants avec nous.
Yeph avait réussi à me contacter.
Oui, Tomas a été exemplaire de courage.
Yeph :
— Oui, c'est le mot qui me plaît.
Je l'ai vraiment retrouvé à cet instant.
Chris :
— Et sa dernière pensée fut pour toi, Franch !
Il t'aimait.
Il s'est offert à toi !
Franch :
— Tomas t'aimait, Yeph…
Je n'étais que son ersatz affectif, certainement nécessaire pour combler le vide créé par la destruction de nos mémoires cérébrales, de l'humanité de Yeph.
Yeph :
— Oh non, mon cher Franch !
Tu étais aimé pour toi-même.
Tomas était suffisamment évolué et libre pour savoir se donner totalement à celles et ceux qu'il aimait. Comme toi et moi, il n'avait pas d'exclusivité dans son amour. Tomas savait en effet être pleinement à l'autre dans sa gestion de l'espace-temps. Il vivait ainsi des amours multiples et merveilleuses, sans se diminuer ou se perdre. Lorsqu'il était avec toi, tu avais l'unique Tomas… en sa totalité !
Sa force était de parvenir mieux que quiconque à produire une énergie merveilleuse et contagieuse !
Franch :
— En étais-je digne ?
Chris :
— Veux-tu savoir ?
Yeph et moi aurions presque pu nous sentir jaloux de toi lors de ses dernières paroles !
Tu étais le meilleur à ses yeux pour aimer…
Franch :
— Comment cela ?
Yeph :
— Oui.
Selon Tomas, tu étais le plus apte à nous permettre de découvrir l'amour humain. Toi seul sais créer en plénitude, l'harmonie "corps–cœur–esprit".
Lui savait recevoir ce que tu réussissais à donner !
Franch :
— Ah…
Je pensais que c'était lui, que c'était toi…
Parce que c'était lui… parce que c'était toi[i] !
J'étais certain de n'être qu'un objet de votre quête !
Yeph :
— Non… tu n'as rien voulu comprendre jusqu’à maintenant de cette force qui pourrait nous éveiller tous !
Mon cher Franch, c'est par toi que nous évoluons…
Tu m'as beaucoup appris de ce que je tente de vivre avec d'autres !
Cependant, pendant que nous aspirons à développer le meilleur de l'humain, tu poursuis cette route de massacre qui t'épuise. Oui, la guerre sanguinolente est certainement plus jouissive à tes yeux que la lutte folle et toutefois mesurée qui mène à l'amour humain !
Tu as aussi en toi l'art du combat qui donne à la mort de multiples occasions.
Pourtant, la voie du cœur peut aussi nous élever vers la sagesse d'une soif de paix.
Dans la lutte, il y a une quête constructrice qui conduit à l'évolution.
Elle met fin à cette envie de révolutions toujours destructrices, qui piétinent les âmes fragiles.
Chris :
— Peut-on sérieusement espérer voir notre monde devenir meilleur ?
Et si l'amour humain était finalement un rêve… un leurre ?
Yeph :
— Souviens-toi, Chris, des dernières paroles de Tomas !
Chris :
— Oui, c'est vrai… Il était convaincant dans ses propos.
Il croyait sincèrement en la philanalyse.
Franch :
— Il nous aimait donc vraiment… et s'éloignait cependant de plus en plus…
Yeph :
— Il s'éteignait, Franch.
Peux-tu comprendre que le Tomas des derniers temps n'était plus celui que nous avons écouté et aimé ?
Sa dégénérescence cérébrale le transformait petit à petit — de manière insidieuse — en un être différent, sans esprit ni cœur.
Tomas fut assez fort pour nous épargner la déception de ne plus le comprendre, de ne plus le reconnaître. Il se sentait devenir progressivement un corps sans âme. Il ne voulait pas que notre amour se transforme en pitié ou en compassion.
Tu pensais que c'était de toi que venait cette rupture affective. Il en était malgré lui la source.
Cependant, Chris dit vrai : dans le vaisseau d'Extalyne, Tomas fut de nouveau le meilleur de lui-même.
Il a illuminé, comme un ultime soleil, notre sombre univers.
Chris :
— Ah, mes amis, tant d'années de quêtes, tant de jours et de nuits à restaurer une histoire effacée par la volonté d'un tyran et devoir se contenter d'une récompense éphémère…
Yeph :
— Comme le papillon qui nous émerveille, par quelques battements d'ailes…
Ne sois pas triste pour moi, pour toi, pour nous… Chris :
Je l'ai aimé, il m'a aimé.
Nous nous sommes retrouvés.
Sache que depuis cette nuit-là, où l'âme de Tomas s'est intégrée à la nôtre, résonnent sans fin les paroles et la musique de cette chanson d'amour… Le refrain envahissait la grotte du Lac de Soufre où nous nous baignions le soir où il m'a retrouvé :
[i] Merci à Michel de MONTAIGNE dont voici encore la copie de ce texte « oublié » pour que soit rappelé cet amour merveilleux qui unissait ces deux amis…
Il était écrit sur le mur de la bibliothèque de sa tour d’écriture, pour faire mémoire à Étienne de La BOÉTIE :
« Michel de MONTAIGNE, privé de l'ami le plus tendre, le plus cher et le plus intime, du compagnon le meilleur, le plus savant, le plus agréable et le plus parfait qu'ait vu notre siècle, voulant consacrer le souvenir du mutuel amour qui les unissait l'un à l'autre par un témoignage de la reconnaissance et ne pouvant le faire d'une manière plus expressive, a voué à cette mémoire tout ce savant appareil d'étude, qui fait ses délices ».
Après la mort d'Étienne de La BOÉTIE, Michel de MONTAIGNE écrivit aussi :
(Deux extraits des Essais, en mémoire de cet amour).
« Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte.
Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part »…
« Je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant :
Parce que c'était lui, parce que c'était moi ».
— Et à moi donc…
Ah…
Il n’espérait pas ou plus…
Il n'a pas eu la force ?
Yeph :
— Si…
C'est ainsi.
Il savait malgré tout qu'il était condamné à subir sans espoir cette dégénérescence cérébrale. Partir pour le sanatorium était une illusion rassurante pour celles et ceux qui l'aimaient.
Il gardait cependant encore la possibilité d'une autre porte de vie.
Lorsque l'Offryde a échoué, il fut extraordinaire.
Il a puisé en lui-même son ultime espace de lucidité totale pour nous offrir un départ bouleversant de sagesse.
Tu n'étais pas là, Franch, lorsque c'est arrivé.
Chris :
— Pour ma part, j'étais présent afin de l'entendre vivre ses derniers instants avec nous.
Yeph avait réussi à me contacter.
Oui, Tomas a été exemplaire de courage.
Yeph :
— Oui, c'est le mot qui me plaît.
Je l'ai vraiment retrouvé à cet instant.
Chris :
— Et sa dernière pensée fut pour toi, Franch !
Il t'aimait.
Il s'est offert à toi !
Franch :
— Tomas t'aimait, Yeph…
Je n'étais que son ersatz affectif, certainement nécessaire pour combler le vide créé par la destruction de nos mémoires cérébrales, de l'humanité de Yeph.
Yeph :
— Oh non, mon cher Franch !
Tu étais aimé pour toi-même.
Tomas était suffisamment évolué et libre pour savoir se donner totalement à celles et ceux qu'il aimait. Comme toi et moi, il n'avait pas d'exclusivité dans son amour. Tomas savait en effet être pleinement à l'autre dans sa gestion de l'espace-temps. Il vivait ainsi des amours multiples et merveilleuses, sans se diminuer ou se perdre. Lorsqu'il était avec toi, tu avais l'unique Tomas… en sa totalité !
Sa force était de parvenir mieux que quiconque à produire une énergie merveilleuse et contagieuse !
Franch :
— En étais-je digne ?
Chris :
— Veux-tu savoir ?
Yeph et moi aurions presque pu nous sentir jaloux de toi lors de ses dernières paroles !
Tu étais le meilleur à ses yeux pour aimer…
Franch :
— Comment cela ?
Yeph :
— Oui.
Selon Tomas, tu étais le plus apte à nous permettre de découvrir l'amour humain. Toi seul sais créer en plénitude, l'harmonie "corps–cœur–esprit".
Lui savait recevoir ce que tu réussissais à donner !
Franch :
— Ah…
Je pensais que c'était lui, que c'était toi…
Parce que c'était lui… parce que c'était toi[i] !
J'étais certain de n'être qu'un objet de votre quête !
Yeph :
— Non… tu n'as rien voulu comprendre jusqu’à maintenant de cette force qui pourrait nous éveiller tous !
Mon cher Franch, c'est par toi que nous évoluons…
Tu m'as beaucoup appris de ce que je tente de vivre avec d'autres !
Cependant, pendant que nous aspirons à développer le meilleur de l'humain, tu poursuis cette route de massacre qui t'épuise. Oui, la guerre sanguinolente est certainement plus jouissive à tes yeux que la lutte folle et toutefois mesurée qui mène à l'amour humain !
Tu as aussi en toi l'art du combat qui donne à la mort de multiples occasions.
Pourtant, la voie du cœur peut aussi nous élever vers la sagesse d'une soif de paix.
Dans la lutte, il y a une quête constructrice qui conduit à l'évolution.
Elle met fin à cette envie de révolutions toujours destructrices, qui piétinent les âmes fragiles.
Chris :
— Peut-on sérieusement espérer voir notre monde devenir meilleur ?
Et si l'amour humain était finalement un rêve… un leurre ?
Yeph :
— Souviens-toi, Chris, des dernières paroles de Tomas !
Chris :
— Oui, c'est vrai… Il était convaincant dans ses propos.
Il croyait sincèrement en la philanalyse.
Franch :
— Il nous aimait donc vraiment… et s'éloignait cependant de plus en plus…
Yeph :
— Il s'éteignait, Franch.
Peux-tu comprendre que le Tomas des derniers temps n'était plus celui que nous avons écouté et aimé ?
Sa dégénérescence cérébrale le transformait petit à petit — de manière insidieuse — en un être différent, sans esprit ni cœur.
Tomas fut assez fort pour nous épargner la déception de ne plus le comprendre, de ne plus le reconnaître. Il se sentait devenir progressivement un corps sans âme. Il ne voulait pas que notre amour se transforme en pitié ou en compassion.
Tu pensais que c'était de toi que venait cette rupture affective. Il en était malgré lui la source.
Cependant, Chris dit vrai : dans le vaisseau d'Extalyne, Tomas fut de nouveau le meilleur de lui-même.
Il a illuminé, comme un ultime soleil, notre sombre univers.
Chris :
— Ah, mes amis, tant d'années de quêtes, tant de jours et de nuits à restaurer une histoire effacée par la volonté d'un tyran et devoir se contenter d'une récompense éphémère…
Yeph :
— Comme le papillon qui nous émerveille, par quelques battements d'ailes…
Ne sois pas triste pour moi, pour toi, pour nous… Chris :
Je l'ai aimé, il m'a aimé.
Nous nous sommes retrouvés.
Sache que depuis cette nuit-là, où l'âme de Tomas s'est intégrée à la nôtre, résonnent sans fin les paroles et la musique de cette chanson d'amour… Le refrain envahissait la grotte du Lac de Soufre où nous nous baignions le soir où il m'a retrouvé :
[i] Merci à Michel de MONTAIGNE dont voici encore la copie de ce texte « oublié » pour que soit rappelé cet amour merveilleux qui unissait ces deux amis…
Il était écrit sur le mur de la bibliothèque de sa tour d’écriture, pour faire mémoire à Étienne de La BOÉTIE :
« Michel de MONTAIGNE, privé de l'ami le plus tendre, le plus cher et le plus intime, du compagnon le meilleur, le plus savant, le plus agréable et le plus parfait qu'ait vu notre siècle, voulant consacrer le souvenir du mutuel amour qui les unissait l'un à l'autre par un témoignage de la reconnaissance et ne pouvant le faire d'une manière plus expressive, a voué à cette mémoire tout ce savant appareil d'étude, qui fait ses délices ».
Après la mort d'Étienne de La BOÉTIE, Michel de MONTAIGNE écrivit aussi :
(Deux extraits des Essais, en mémoire de cet amour).
« Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte.
Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part »…
« Je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant :
Parce que c'était lui, parce que c'était moi ».
Oui je t'aime !
Oui je t'aime !
Oui je t'aime…
* * *
Oui je t'aime !
Oui je t'aime…
* * *
PETIT HOMME
Petit homme,
Cette nuit
Nous serions tous deux
Ensemble...
Petit homme,
Mon ami
La vie est comme il
Nous semble...
Illusion, vent d'ennui
Petit homme.
Loin de toi
J'ai perdu
Mon désir, mes passions
D'amour...
Souviens-toi,
Petit homme
De mon corps, de mes rêves
Et de ma folie !
Oui, je t'aime,
Petit homme
Reviens-moi, reviens vite
Bien vite...
Oui, je t'aime,
Petit homme...
Oui je t'aime !
Oui je t'aime !
Oui je t'aime !
Yves Philippe de Francqueville pirate des mots et philanalyste en herbe, présente le quatrième et dernier tome du Cycle de l'Austrel : la Mort de l'Archyeur.
Septième partie.
avoir l'outrecuidance d'extraire une phrase de cette œuvre pour en faire un usage calomnieux ne serait qu'une bassesse journalistique de plus, que l'auteur réfutera comme toujours.
Tous droits réservés ©.
Septième partie.
avoir l'outrecuidance d'extraire une phrase de cette œuvre pour en faire un usage calomnieux ne serait qu'une bassesse journalistique de plus, que l'auteur réfutera comme toujours.
Tous droits réservés ©.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville