®© Du silence au mensonge,
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Du silence au mensonge
Chapitre XVII
Les vacances d’hiver sont dans moins d’un mois.
J'ai reçu une lettre d'Yvon me rappelant mon engagement.
Comme tous les ans, nous partons aux sports d'hiver. Cette année, la famille a prévu d'y consacrer quinze jours : d'y passer les fêtes de Noël et du nouvel an.
À douze, avec amis et famille dans notre grand appartement, c'est chaque année un moment très agréable que pour rien au monde je n'aurais jusqu’ici évité. Je suis passionné de ski.
Il y a un souci cette année : tante Chantal — ma marraine, avec qui j'ai des relations tendues — doit se rendre avec nous en montagne. Elle marque ouvertement sa préférence pour mon frère aîné… qui ne m’estime pas du tout.
Ma mère semble très ennuyée par cette situation. Il est vrai que je suis loin d'être facile avec les personnes qui n’ont pas de considération pour moi… Elle a peur de vacances peu reposantes !
Lorsque je lui annonce le camp de Noël à B**, elle paraît gênée… puis soulagée…
Je laisserai donc les sports d'hiver cette fois, et sans râler.
Pourtant, mon voyage à la Commanderie l'inquiète un peu. Cela la dérange réellement. Dans ses calculs de mère, il semble préférable que je passe Noël au château, chez les grands-parents maternels.
Cela est hors de question. Je dois obéir à Yvon… et si Lemire me répugne de plus en plus, Ray me fascine par le lieu où il vit.
Je reçois enfin la réponse de Jean-Marc… pas comme je l'espérais.
Je saisis assez bien la plupart des subtilités de son texte, et je comprends que je ne dois pas davantage lui faire confiance. Il est hélas comme Lemire et les autres… je saurai m'en méfier aussi.
Je ressens un réel dégoût en lisant et relisant sa lettre :
J'ai reçu une lettre d'Yvon me rappelant mon engagement.
Comme tous les ans, nous partons aux sports d'hiver. Cette année, la famille a prévu d'y consacrer quinze jours : d'y passer les fêtes de Noël et du nouvel an.
À douze, avec amis et famille dans notre grand appartement, c'est chaque année un moment très agréable que pour rien au monde je n'aurais jusqu’ici évité. Je suis passionné de ski.
Il y a un souci cette année : tante Chantal — ma marraine, avec qui j'ai des relations tendues — doit se rendre avec nous en montagne. Elle marque ouvertement sa préférence pour mon frère aîné… qui ne m’estime pas du tout.
Ma mère semble très ennuyée par cette situation. Il est vrai que je suis loin d'être facile avec les personnes qui n’ont pas de considération pour moi… Elle a peur de vacances peu reposantes !
Lorsque je lui annonce le camp de Noël à B**, elle paraît gênée… puis soulagée…
Je laisserai donc les sports d'hiver cette fois, et sans râler.
Pourtant, mon voyage à la Commanderie l'inquiète un peu. Cela la dérange réellement. Dans ses calculs de mère, il semble préférable que je passe Noël au château, chez les grands-parents maternels.
Cela est hors de question. Je dois obéir à Yvon… et si Lemire me répugne de plus en plus, Ray me fascine par le lieu où il vit.
Je reçois enfin la réponse de Jean-Marc… pas comme je l'espérais.
Je saisis assez bien la plupart des subtilités de son texte, et je comprends que je ne dois pas davantage lui faire confiance. Il est hélas comme Lemire et les autres… je saurai m'en méfier aussi.
Je ressens un réel dégoût en lisant et relisant sa lettre :
La Flèche, le 18.11.8*
Cher Philippe,
« Merci de ta gentille lettre qui m'a fait très plaisir. En effet, il est important de garder le contact, et si un jour tes pas te portent vers l'Anjou, sois assuré de trouver chez nous la chaleur d'une famille. J'ai appris par Alain que tu montais un second échelon sur D **. Bravo et bon courage. Tu en auras besoin, car nos petits Pages, s'ils sont fort intéressants et intéressés, savent mieux que personne nous pomper notre énergie. Garde-toi donc aussi en belles formes pour nous, lorsque tu reviendras à la Commanderie ?
Mais ne sommes-nous pas là pour cela ? Il est nécessaire d'en faire des gars capables d'obéir et d'agir selon nos idées et dans l'optique des projets de l'Observance. Tu seras à la hauteur !
Ici tout va bien. Notre base est en cours de finition et déjà une deuxième graine de Page s'est jointe à nous. Le travail en profondeur commence à porter ses fruits ; fasse le ciel qu'ils ne soient ni trop verts, ni véreux.
Je ne sais pas encore quelle sera notre action pour le jour de l'an. Noël étant réservé à la famille. Mais si les conditions climatiques, le travail et les finances le permettent, il se pourrait que nous allions célébrer la naissance de la nouvelle année à B ** avec Christian et les nouveaux Pages. Mais cela n'est pas encore certain, juste à l'étude.
De nous tous, famille et échelon, reçois notre affectueuse amitié, avec l'espoir de te voir un jour prochain, ainsi que Doudou et tous les beaux garçons de D ** que tu as découverts.
Je t'embrasse très fraternellement,
Jean-Marc.
Cher Philippe,
« Merci de ta gentille lettre qui m'a fait très plaisir. En effet, il est important de garder le contact, et si un jour tes pas te portent vers l'Anjou, sois assuré de trouver chez nous la chaleur d'une famille. J'ai appris par Alain que tu montais un second échelon sur D **. Bravo et bon courage. Tu en auras besoin, car nos petits Pages, s'ils sont fort intéressants et intéressés, savent mieux que personne nous pomper notre énergie. Garde-toi donc aussi en belles formes pour nous, lorsque tu reviendras à la Commanderie ?
Mais ne sommes-nous pas là pour cela ? Il est nécessaire d'en faire des gars capables d'obéir et d'agir selon nos idées et dans l'optique des projets de l'Observance. Tu seras à la hauteur !
Ici tout va bien. Notre base est en cours de finition et déjà une deuxième graine de Page s'est jointe à nous. Le travail en profondeur commence à porter ses fruits ; fasse le ciel qu'ils ne soient ni trop verts, ni véreux.
Je ne sais pas encore quelle sera notre action pour le jour de l'an. Noël étant réservé à la famille. Mais si les conditions climatiques, le travail et les finances le permettent, il se pourrait que nous allions célébrer la naissance de la nouvelle année à B ** avec Christian et les nouveaux Pages. Mais cela n'est pas encore certain, juste à l'étude.
De nous tous, famille et échelon, reçois notre affectueuse amitié, avec l'espoir de te voir un jour prochain, ainsi que Doudou et tous les beaux garçons de D ** que tu as découverts.
Je t'embrasse très fraternellement,
Jean-Marc.
Seul.
Tout seul.
Je tente de créer un nouveau dialogue avec Jean-Claude, lui donnant finalement une petite part de confiance que je n'ose pas réserver à Jean-Marc.
Peut-être est-il mieux que les autres ?
Question culture littéraire, c’est certain.
Je lui fais part de quelques soucis, de mes problèmes scolaires, notamment avec cet odieux professeur de sciences naturelles qui traumatise tout le collège, incapable de donner des cours corrects. Je mène un dur combat contre cette femme, bonne sœur défroquée. C'est pour moi une occupation agréable !
Je le demande finalement comme grand frère, je me sens si seul !
J'ai le droit à une réponse dans les quarante-huit heures.
Tout seul.
Je tente de créer un nouveau dialogue avec Jean-Claude, lui donnant finalement une petite part de confiance que je n'ose pas réserver à Jean-Marc.
Peut-être est-il mieux que les autres ?
Question culture littéraire, c’est certain.
Je lui fais part de quelques soucis, de mes problèmes scolaires, notamment avec cet odieux professeur de sciences naturelles qui traumatise tout le collège, incapable de donner des cours corrects. Je mène un dur combat contre cette femme, bonne sœur défroquée. C'est pour moi une occupation agréable !
Je le demande finalement comme grand frère, je me sens si seul !
J'ai le droit à une réponse dans les quarante-huit heures.
Il ne me sera pas nécessaire
de me faire comprendre par la suite
la double profondeur de ce texte :
je ne la saisis que trop bien.
Trop content
d'avoir trouvé enfin
quelqu'un à qui parler,
je préfère ne pas m'attarder
à lire entre les lignes
et ne garder que ce qui me plaît :
de me faire comprendre par la suite
la double profondeur de ce texte :
je ne la saisis que trop bien.
Trop content
d'avoir trouvé enfin
quelqu'un à qui parler,
je préfère ne pas m'attarder
à lire entre les lignes
et ne garder que ce qui me plaît :
Chartres, le 22.11.8*.
Cher Philippe,
« Merci de ton courrier du 20 Novembre écoulé, tu as raison de te défouler, cela fait du bien !… À ta disposition pour tous les défoulements physiques ou moraux que tu voudras. Merci aussi pour cette nouvelle histoire de Jeanne d'Arc.
J'espère que tu as pu terrasser le dragon, même si tu ne comptes pas d'Archange parmi tes ancêtres…
D'accord pour le grand frère, j'adore taquiner. La phrase précédente en est la preuve.
Je ne pourrai être là pour Noël à B **, mais j'y serai sans doute pour la semaine Sainte. Pas les vacances scolaires, qui sont généralement décalées mais les Rameaux, à Pâques…
Y seras-tu ?
D'autre part, je vais bientôt préparer ce troisième voyage en terre Sainte que je compte réaliser les premiers mois de l'année 86. Je suis en train de définir les buts précis pour ce voyage (qui ne sera presque pas touristique !).
Tu es le premier à connaître cette nouvelle, je te demande d'en garder le secret… Si d'ailleurs tu veux et peux venir, ne te gène pas, il y aura du travail pour tout le monde, donc réellement pour toi !
À part ça, j'ai bivouaqué avec deux futurs Pages chartrains (10 et 11 ans), mignons et sympas !
Mais comme l'on dit chez les scouts, ce sont des “pattes tendres”. Juste dociles. Cela est normal. En tout cas ils semblent très emballés et emballants.
À bientôt de tes nouvelles.
Je t’embrasse très fraternellement :
Jean-Claude.
P.S. : N'oublie pas de brûler cette lettre.
Cher Philippe,
« Merci de ton courrier du 20 Novembre écoulé, tu as raison de te défouler, cela fait du bien !… À ta disposition pour tous les défoulements physiques ou moraux que tu voudras. Merci aussi pour cette nouvelle histoire de Jeanne d'Arc.
J'espère que tu as pu terrasser le dragon, même si tu ne comptes pas d'Archange parmi tes ancêtres…
D'accord pour le grand frère, j'adore taquiner. La phrase précédente en est la preuve.
Je ne pourrai être là pour Noël à B **, mais j'y serai sans doute pour la semaine Sainte. Pas les vacances scolaires, qui sont généralement décalées mais les Rameaux, à Pâques…
Y seras-tu ?
D'autre part, je vais bientôt préparer ce troisième voyage en terre Sainte que je compte réaliser les premiers mois de l'année 86. Je suis en train de définir les buts précis pour ce voyage (qui ne sera presque pas touristique !).
Tu es le premier à connaître cette nouvelle, je te demande d'en garder le secret… Si d'ailleurs tu veux et peux venir, ne te gène pas, il y aura du travail pour tout le monde, donc réellement pour toi !
À part ça, j'ai bivouaqué avec deux futurs Pages chartrains (10 et 11 ans), mignons et sympas !
Mais comme l'on dit chez les scouts, ce sont des “pattes tendres”. Juste dociles. Cela est normal. En tout cas ils semblent très emballés et emballants.
À bientôt de tes nouvelles.
Je t’embrasse très fraternellement :
Jean-Claude.
P.S. : N'oublie pas de brûler cette lettre.
Partir en Israël… Voyager en Palestine…
Des portes s’ouvrent… pour des aventures extraordinaires.
Mais à quel prix ?
Des portes s’ouvrent… pour des aventures extraordinaires.
Mais à quel prix ?
* * *
Je ne parle pas à Lemire de ma correspondance avec Jean-Claude, afin de ne pas le vexer.
Je le sais très jaloux.
Il est d’ailleurs soucieux de me voir tarder à agir pour former mon groupe. Il s'aperçoit de mon éloignement progressif lors de la réunion nocturne de chaque semaine — j'en évite en effet une sur deux pour raisons scolaires — alors qu’il revient chaque fois spécialement pour moi de Cambrai, afin de me préparer à la Chevalerie !
Lemire essaie de me motiver par des responsabilités de taille.
Comme chaque année, l'échelon organise une petite fête de Noël. Je dois me charger de louer une grande salle dans un village des alentours afin de nous y installer pour un bon repas avec jeux, chants et sketches…
Le contact avec le groupe me répugne de plus en plus.
À l'exception de Stéphane qui sort du lot, je les évite tous… même en ville.
Je le sais très jaloux.
Il est d’ailleurs soucieux de me voir tarder à agir pour former mon groupe. Il s'aperçoit de mon éloignement progressif lors de la réunion nocturne de chaque semaine — j'en évite en effet une sur deux pour raisons scolaires — alors qu’il revient chaque fois spécialement pour moi de Cambrai, afin de me préparer à la Chevalerie !
Lemire essaie de me motiver par des responsabilités de taille.
Comme chaque année, l'échelon organise une petite fête de Noël. Je dois me charger de louer une grande salle dans un village des alentours afin de nous y installer pour un bon repas avec jeux, chants et sketches…
Le contact avec le groupe me répugne de plus en plus.
À l'exception de Stéphane qui sort du lot, je les évite tous… même en ville.
Il m'est impossible de les comprendre,
de les apprécier.
De les aimer.
Leur allure, leur tenue,
leur manière de parler,
de manger : de vivre…
est si différente…
Pourtant,
je ne peux pas lutter continuellement
contre Doudou.
Il est mon parrain.
Devenir vite Chevalier…
Et me libérer de son carcan.
de les apprécier.
De les aimer.
Leur allure, leur tenue,
leur manière de parler,
de manger : de vivre…
est si différente…
Pourtant,
je ne peux pas lutter continuellement
contre Doudou.
Il est mon parrain.
Devenir vite Chevalier…
Et me libérer de son carcan.
Possédant dans les communs une grande pièce avec sa vaste cheminée — la salle de jeux — j'envisage de faire la petite fête en ce lieu.
J'ai les parents à proximité, à cent mètres, dans la maison. C'est pour moi une sécurité morale, un réconfort.
Lemire accepte, sans pour autant être réellement satisfait. La gratuité du lieu et du couvert mis à disposition finit par le séduire… Il y a tout de même une centaine de mètres entre les communs et la maison. Nous ne pourrons gêner.
Doudou s'occupe des menus. Les jeunes doivent préparer les sketches. Je n'ai qu’à programmer la date avec les parents, et arranger les lieux pour les festivités.
J'ai l'impression de servir, par l'intermédiaire de mon nom et de mes parents, d'image morale, de caution pour le groupe !
C'est là ma seule utilité… une carte de visite dorée pour l'Observance.
J'ai les parents à proximité, à cent mètres, dans la maison. C'est pour moi une sécurité morale, un réconfort.
Lemire accepte, sans pour autant être réellement satisfait. La gratuité du lieu et du couvert mis à disposition finit par le séduire… Il y a tout de même une centaine de mètres entre les communs et la maison. Nous ne pourrons gêner.
Doudou s'occupe des menus. Les jeunes doivent préparer les sketches. Je n'ai qu’à programmer la date avec les parents, et arranger les lieux pour les festivités.
J'ai l'impression de servir, par l'intermédiaire de mon nom et de mes parents, d'image morale, de caution pour le groupe !
C'est là ma seule utilité… une carte de visite dorée pour l'Observance.
* * *
À la guilde, nous nous plongeons dans un univers de plus en plus surnaturel. À travers des scénarios toujours plus approfondis, vivant des aventures extraordinaires, je m'évade chaque vendredi, le samedi, voire même le dimanche.
Maître de jeu — le gardien des Arcanes dans l'univers impitoyable de “l'appel de Cthulhu” — j'excelle dans la description des scènes d'horreur.
J'arrive sans peine à obtenir ce que je souhaite de mes joueurs. Des pantins que je manipule suivant mon humeur.
C'est réellement fantastique.
François est chaque fois dans un état second, lié et parfois même prisonnier de son propre personnage.
Nous avons souvent quelques difficultés à lui faire reprendre conscience de la réalité.
Maître de jeu — le gardien des Arcanes dans l'univers impitoyable de “l'appel de Cthulhu” — j'excelle dans la description des scènes d'horreur.
J'arrive sans peine à obtenir ce que je souhaite de mes joueurs. Des pantins que je manipule suivant mon humeur.
C'est réellement fantastique.
François est chaque fois dans un état second, lié et parfois même prisonnier de son propre personnage.
Nous avons souvent quelques difficultés à lui faire reprendre conscience de la réalité.
Mais est-ce bien nécessaire ?
Devant quelques lignes, j'arrive à tenir en haleine mes amis pour cinq ou six heures sans arrêter l’histoire, sans même songer aux repas… à moins que dans l'aventure, les personnages eux-mêmes n'aient faim…
Sans dé, sans feuilles de personnage, ce sont eux — en chair et en os — qui vivent au cœur de mes fictions les plus géniales.
Sans dé, sans feuilles de personnage, ce sont eux — en chair et en os — qui vivent au cœur de mes fictions les plus géniales.
Je suis le MAITRE du JEU de la VIE.
Cet univers me permet d'en oublier un autre que j'exècre toujours davantage.
D'ailleurs chez Julien, où ont lieu la plupart de nos ébats ludiques, je n'aborde plus le problème scout.
Madame Delbon ne m'en reparle pas. Jean-Brice, seul, y pense toujours. J'essaie de lui expliquer que cela est un peu compromis…
Si Lemire ne veut pas aller voir les parents, je ne veux absolument pas prendre moi-même la responsabilité d'engager Jean-Brice et Pierre-Olivier chez eux.
Une courte lettre de madame Delbon — peu de temps après — confirme mes pensées ; tout est dit, en trois points :
D'ailleurs chez Julien, où ont lieu la plupart de nos ébats ludiques, je n'aborde plus le problème scout.
Madame Delbon ne m'en reparle pas. Jean-Brice, seul, y pense toujours. J'essaie de lui expliquer que cela est un peu compromis…
Si Lemire ne veut pas aller voir les parents, je ne veux absolument pas prendre moi-même la responsabilité d'engager Jean-Brice et Pierre-Olivier chez eux.
Une courte lettre de madame Delbon — peu de temps après — confirme mes pensées ; tout est dit, en trois points :
Cher Philippe,
* Oui pour les jeux.
* Bienvenue à la maison.
* Mais pas question que Jean-Brice aille pour le moment aux scouts Saint Bernard des Pages et Écuyers.
* Oui pour les jeux.
* Bienvenue à la maison.
* Mais pas question que Jean-Brice aille pour le moment aux scouts Saint Bernard des Pages et Écuyers.
Il n'a pas su tenir sa langue concernant l'Observance. Je préfère presque cela.
Je n'aborde plus ce sujet dès lors, et la jolie demeure des Delbon m'est toujours grande ouverte. Je puis apprécier Julien et Jean-Brice, sans me compromettre.
J'évite de m'abîmer… et je fais de mon mieux pour ne pas les mettre en danger.
Je n'aborde plus ce sujet dès lors, et la jolie demeure des Delbon m'est toujours grande ouverte. Je puis apprécier Julien et Jean-Brice, sans me compromettre.
J'évite de m'abîmer… et je fais de mon mieux pour ne pas les mettre en danger.
* * *
Il est dix-huit heures. C'est aujourd'hui notre fête de Noël.
J'attendais ce jour avec angoisse, furieux de les voir débarquer dans mon domaine… et c'est bien ainsi que je l'ai souhaité !
J'ai préparé la pièce de mon mieux et mis le couvert. Dans la cheminée, d'imposantes bûches nous donnent une chaleur bien agréable en ce premier week-end de décembre.
Tous les jeunes de l'échelon arrivent en tenue “classe” comme l'avait souhaité Lemire — car nous allons chez des “de” — m'a rapporté Stéphane au téléphone, ne sachant comment se vêtir.
C'est un cortège ridicule qui s'annonce : Doudou en smoking étriqué où les bourrelets ne demandent qu'à faire exploser les coutures ! Yannick est en “première communion” comme la plupart, qui arborent de vieux costumes trois pièces à cols larges.
Seuls Étienne et Stéphane sortent du ridicule dans des tenues plus récentes et de bon ton.
Je les accueille en veste classique, pantalon de flanelle et avec un de mes foulards de soie. Décontracté au niveau vestimentaire comme en vacances pour les fêtes dans la famille, je suis plutôt stressé en moi-même… Je ne sais que trop ce que m'annonce cette soirée.
Tout est prévu.
L'apéritif se prendra avec mes parents.
Avant d'envoyer Étienne pour les convier à se joindre à nous, Lemire donne les dernières recommandations… La tenue la plus exemplaire est de rigueur !
Un kir est servi.
Les petits gâteaux abondent.
J'ai installé quelques fauteuils et chaises autour de la cheminée afin que nous puissions prendre l'apéritif tranquillement.
Mon père et ma mère ne restent que dix minutes. Ils ont un dîner ce soir.
Je comprends que cela est bien suffisant pour les deux parties.
Doudou converse avec eux pendant tout ce temps, parlant de sa femme, de ses enfants, de son couple parfait… expliquant les difficultés rencontrées auprès de la société pour que vive son œuvre :
Il rayonne, il jubile dans son smoking bas de gamme, avec son nœud papillon de clown tout fait.
Les parents le laissent parler, cachant leur impatience de quitter les lieux.
Yannick, silencieux, dans l'ombre de Lemire, boit tranquillement l'excellent kir.
Les parents enfin disparus, l'atmosphère se déride. Si mon départ était annoncé, je pense que l'ambiance serait encore plus décontractée…
Après un très court bénédicité et une petite mise en prière, l'orgie peut débuter.
Ma chaîne — installée à la demande de l'ensemble — nous donne le meilleur du répertoire graveleux de Gainsbourg. (Pas de ma collection).
Nous nous installons pour les festivités, après avoir été placé par Lemire. La table a belle allure. J'ai sorti un service assez joli sur une grande nappe brodée qui cache la table de ping-pong. L'argenterie semble les impressionner mais je n'avais pas d'autre choix : c'est celle du quotidien. Les deux verres et les flûtes à champagne donnent un certain effet à l'ensemble.
Pour le menu, Lemire me donne un « stencil » censé être communiqué à tous les parents… Je comprends bien que ce sera le seul exemplaire diffusé.
Il a été rédigé spécialement pour moi… à donner aux parents !
Je l’ai bien entendu gardé, en évitant de le leur montrer. Doudou a heureusement oublié de l’envoyer :
J'attendais ce jour avec angoisse, furieux de les voir débarquer dans mon domaine… et c'est bien ainsi que je l'ai souhaité !
J'ai préparé la pièce de mon mieux et mis le couvert. Dans la cheminée, d'imposantes bûches nous donnent une chaleur bien agréable en ce premier week-end de décembre.
Tous les jeunes de l'échelon arrivent en tenue “classe” comme l'avait souhaité Lemire — car nous allons chez des “de” — m'a rapporté Stéphane au téléphone, ne sachant comment se vêtir.
C'est un cortège ridicule qui s'annonce : Doudou en smoking étriqué où les bourrelets ne demandent qu'à faire exploser les coutures ! Yannick est en “première communion” comme la plupart, qui arborent de vieux costumes trois pièces à cols larges.
Seuls Étienne et Stéphane sortent du ridicule dans des tenues plus récentes et de bon ton.
Je les accueille en veste classique, pantalon de flanelle et avec un de mes foulards de soie. Décontracté au niveau vestimentaire comme en vacances pour les fêtes dans la famille, je suis plutôt stressé en moi-même… Je ne sais que trop ce que m'annonce cette soirée.
Tout est prévu.
L'apéritif se prendra avec mes parents.
Avant d'envoyer Étienne pour les convier à se joindre à nous, Lemire donne les dernières recommandations… La tenue la plus exemplaire est de rigueur !
Un kir est servi.
Les petits gâteaux abondent.
J'ai installé quelques fauteuils et chaises autour de la cheminée afin que nous puissions prendre l'apéritif tranquillement.
Mon père et ma mère ne restent que dix minutes. Ils ont un dîner ce soir.
Je comprends que cela est bien suffisant pour les deux parties.
Doudou converse avec eux pendant tout ce temps, parlant de sa femme, de ses enfants, de son couple parfait… expliquant les difficultés rencontrées auprès de la société pour que vive son œuvre :
- — Il est une très lourde charge de s'occuper, et de sa famille, et des plus démunis. Pourtant, il faut répondre à leur appel.
Il rayonne, il jubile dans son smoking bas de gamme, avec son nœud papillon de clown tout fait.
Les parents le laissent parler, cachant leur impatience de quitter les lieux.
Yannick, silencieux, dans l'ombre de Lemire, boit tranquillement l'excellent kir.
Les parents enfin disparus, l'atmosphère se déride. Si mon départ était annoncé, je pense que l'ambiance serait encore plus décontractée…
Après un très court bénédicité et une petite mise en prière, l'orgie peut débuter.
Ma chaîne — installée à la demande de l'ensemble — nous donne le meilleur du répertoire graveleux de Gainsbourg. (Pas de ma collection).
Nous nous installons pour les festivités, après avoir été placé par Lemire. La table a belle allure. J'ai sorti un service assez joli sur une grande nappe brodée qui cache la table de ping-pong. L'argenterie semble les impressionner mais je n'avais pas d'autre choix : c'est celle du quotidien. Les deux verres et les flûtes à champagne donnent un certain effet à l'ensemble.
Pour le menu, Lemire me donne un « stencil » censé être communiqué à tous les parents… Je comprends bien que ce sera le seul exemplaire diffusé.
Il a été rédigé spécialement pour moi… à donner aux parents !
Je l’ai bien entendu gardé, en évitant de le leur montrer. Doudou a heureusement oublié de l’envoyer :
Échelon St Bernard
District de D **
Le gouverneur.
Le 29.11.8*.
Communications aux parents.
Voici les prochaines activités de l'échelon St Bernard :
Samedi 07 décembre : traditionnel repas de fin d'année.
Cette année le repas aura lieu chez Philippe de Bourlon. Je le remercie ainsi que ses parents de bien vouloir nous accueillir ce soir là chez-eux.
Les garçons ont tous quelque chose à préparer et à acheter. Qu'ils y pensent. Voici le menu qui a été retenu par les garçons :
* Apéritif : kir.
* Entrée : salade composée.
* Hors d'œuvre : ficelles Picardes.
* Plat principal : dinde aux marrons avec petits pois, haricots verts et pommes dauphines.
* Salade verte et jambon fumé.
* Plateau de fromages.
* Gâteau à la noix de coco et chocolat.
* Pièce montée glacée.
Vin blanc, vin rouge, bière, jus d'orange, champagne.
Bon appétit et joyeux Noël.
District de D **
Le gouverneur.
Le 29.11.8*.
Communications aux parents.
Voici les prochaines activités de l'échelon St Bernard :
Samedi 07 décembre : traditionnel repas de fin d'année.
Cette année le repas aura lieu chez Philippe de Bourlon. Je le remercie ainsi que ses parents de bien vouloir nous accueillir ce soir là chez-eux.
Les garçons ont tous quelque chose à préparer et à acheter. Qu'ils y pensent. Voici le menu qui a été retenu par les garçons :
* Apéritif : kir.
* Entrée : salade composée.
* Hors d'œuvre : ficelles Picardes.
* Plat principal : dinde aux marrons avec petits pois, haricots verts et pommes dauphines.
* Salade verte et jambon fumé.
* Plateau de fromages.
* Gâteau à la noix de coco et chocolat.
* Pièce montée glacée.
Vin blanc, vin rouge, bière, jus d'orange, champagne.
Bon appétit et joyeux Noël.
Suivent quelques dates, et c'est signé : Alain Lemire, dit Doudou.
Je préfère ne pas laisser ce menu non adapté à des enfants, sous les yeux des parents !
Au cours du repas, l'alcool jouant son rôle, les vestes tombent puis les gilets et cravates. L'ambiance sombre dans le paillard. Les sketches, les chants, les histoires : personne n'est épargné. Les livrets que j'avais confectionnés — à l'aide de photocopies — de mes vieux carnets scouts, pour l'occasion, ne sont pas trop prisés, loin de là, par rapport aux horreurs rapportées par tous.
Tout baigne dans le vin. Judicieusement choisie, la suite d’alcools différents prend vite possession des plus jeunes qui ne se contrôlent plus. Les cendriers se remplissent. Lemire, ravi, s'empiffre et nous assomme de chansons grivoises, et d'histoires toujours plus lourdes dont je comprends hélas la signification, contrairement aux plus jeunes qui sont souvent visés. Ce n’est pas mon univers !
Et pourtant j'ai fait quelques périodes militaires… parachutistes notamment… Si nous parlons de sexe là-bas, ce n’est pas malsain… peut-être parfois un peu grivois, mais pour ce qui est dit et vécu, c’est entre personnes matures !
Je n'ose relater toute la soirée quant aux sketches et pour le reste… ce n'est que bien triste.
On tombe même dans le porno soft : dans le garage jouxtant la grande salle, en discrétion, je surprends Étienne, pantalon sur les chevilles, apprécier pleinement une fellation de Guillaume.
Ils sont pubères tous les deux… bien bâtis et semblant consentants ! Cela ne me dérange pas du tout… mais, j’ai comme un certain dégoût : mon malaise est d’imaginer Doudou acteur d’une pareille scène…
Pourvu qu’il ne le fasse pas subir de force aux plus jeunes !
Le meilleur de la soirée en sketches malsains, c’est le fameux « Lemon incest » de Serge Gainsbourg mimé par Franch en tenue légère de soubrette, avec Yannick très entreprenant…
Doudou aux anges… je compte les minutes !
Le temps passe parfois très très lentement…
L'unique condition de la soirée était un départ à minuit trente avec tout le matériel… Je me charge du rangement et de la vaisselle, c'est ma contribution… ne souhaitant pas les voir revenir chez moi.
Bien à l'heure, le père de Yannick est là dans sa vieille 504 familiale. Il fallait une autre voiture avec celle de Doudou, car à onze dans la sienne, c'est un peu beaucoup !
Malgré l'insistance de cette viande saoule, je ne cède pas : les parents ont exigé minuit trente.
Leur retour n'a pas dû être triste…
Le gramme d'alcool dans le sang doit être largement dépassé par la plupart !
Ayant joué la politique du verre toujours à moitié plein, je suis d'attaque pour ranger la plus grosse partie et me coucher sitôt la pièce quasi propre.
Il restera la vaisselle pour demain.
J'ai à peine éteint la lumière de ma table de nuit que j'entends la voiture des parents entrer dans la cour. Je fais semblant de dormir lorsque ma mère ouvre la porte de la chambre afin de s'assurer de ma présence.
Elle doit être soulagée de me voir couché.
Je préfère ne pas laisser ce menu non adapté à des enfants, sous les yeux des parents !
Au cours du repas, l'alcool jouant son rôle, les vestes tombent puis les gilets et cravates. L'ambiance sombre dans le paillard. Les sketches, les chants, les histoires : personne n'est épargné. Les livrets que j'avais confectionnés — à l'aide de photocopies — de mes vieux carnets scouts, pour l'occasion, ne sont pas trop prisés, loin de là, par rapport aux horreurs rapportées par tous.
Tout baigne dans le vin. Judicieusement choisie, la suite d’alcools différents prend vite possession des plus jeunes qui ne se contrôlent plus. Les cendriers se remplissent. Lemire, ravi, s'empiffre et nous assomme de chansons grivoises, et d'histoires toujours plus lourdes dont je comprends hélas la signification, contrairement aux plus jeunes qui sont souvent visés. Ce n’est pas mon univers !
Et pourtant j'ai fait quelques périodes militaires… parachutistes notamment… Si nous parlons de sexe là-bas, ce n’est pas malsain… peut-être parfois un peu grivois, mais pour ce qui est dit et vécu, c’est entre personnes matures !
Je n'ose relater toute la soirée quant aux sketches et pour le reste… ce n'est que bien triste.
On tombe même dans le porno soft : dans le garage jouxtant la grande salle, en discrétion, je surprends Étienne, pantalon sur les chevilles, apprécier pleinement une fellation de Guillaume.
Ils sont pubères tous les deux… bien bâtis et semblant consentants ! Cela ne me dérange pas du tout… mais, j’ai comme un certain dégoût : mon malaise est d’imaginer Doudou acteur d’une pareille scène…
Pourvu qu’il ne le fasse pas subir de force aux plus jeunes !
Le meilleur de la soirée en sketches malsains, c’est le fameux « Lemon incest » de Serge Gainsbourg mimé par Franch en tenue légère de soubrette, avec Yannick très entreprenant…
Doudou aux anges… je compte les minutes !
Le temps passe parfois très très lentement…
L'unique condition de la soirée était un départ à minuit trente avec tout le matériel… Je me charge du rangement et de la vaisselle, c'est ma contribution… ne souhaitant pas les voir revenir chez moi.
Bien à l'heure, le père de Yannick est là dans sa vieille 504 familiale. Il fallait une autre voiture avec celle de Doudou, car à onze dans la sienne, c'est un peu beaucoup !
Malgré l'insistance de cette viande saoule, je ne cède pas : les parents ont exigé minuit trente.
Leur retour n'a pas dû être triste…
Le gramme d'alcool dans le sang doit être largement dépassé par la plupart !
Ayant joué la politique du verre toujours à moitié plein, je suis d'attaque pour ranger la plus grosse partie et me coucher sitôt la pièce quasi propre.
Il restera la vaisselle pour demain.
J'ai à peine éteint la lumière de ma table de nuit que j'entends la voiture des parents entrer dans la cour. Je fais semblant de dormir lorsque ma mère ouvre la porte de la chambre afin de s'assurer de ma présence.
Elle doit être soulagée de me voir couché.
* * *
J'attends le pire.
Il est huit heure.
Mon père est venu me réveiller.
Jamais je n'ai été aussi résigné de ma vie.
Longtemps je reste devant la glace de mon cabinet de toilette, à me regarder.
Que vais-je leur dire ?
Que dois-je dire ?
Je n'ai rien à me reprocher !
Mon père et ma mère m'attendent. Une chaise m'est tendue.
Et c’est sa vie. Cela ne me regarde pas.
D'abord, oui, tu es un adulte, et il doit préférer probablement les enfants. Aussi, de par ton éducation, c’est probable que certainement tu n'aies pas dû relever les signes qui ne trompent pas.
Il est huit heure.
Mon père est venu me réveiller.
- — Lève-toi vite, habille-toi.
Jamais je n'ai été aussi résigné de ma vie.
Longtemps je reste devant la glace de mon cabinet de toilette, à me regarder.
Que vais-je leur dire ?
Que dois-je dire ?
Je n'ai rien à me reprocher !
Mon père et ma mère m'attendent. Une chaise m'est tendue.
- — Sais-tu pourquoi nous voulons te voir ? me demande-t-elle.
- — Pour hier soir ?
- — C'est une chose, mais l'important est à propos de tout ce qui concerne monsieur Lemire et ses gamins…
- — Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
- — Écoute ta mère… me demande papa.
- — Voilà, ton père et moi nous nous inquiétons sur les mœurs de ce bonhomme.
- — À propos de quoi ?
- — Tu sais ce qu'est un homosexuel ?
- — Un pédé quoi…
- — Oh, je n'aime pas du tout ce mot grossier.
- — Pardon, quoi… un homme qui couche avec un homme, ou une femme qui couche avec une femme ?
- — Oui. Ton Lemire — que vous appelez Doudou — doit être de ce genre d'homme.
- — Non, ce n’est pas possible : il est marié, il a deux enfants !
- — Cela n'empêche pas…
- — Il ne m'a jamais touché !
Et c’est sa vie. Cela ne me regarde pas.
- — Cela te concerne, mais peut-être différemment.
D'abord, oui, tu es un adulte, et il doit préférer probablement les enfants. Aussi, de par ton éducation, c’est probable que certainement tu n'aies pas dû relever les signes qui ne trompent pas.
Les pédés au bûcher…
Les pédés sont tous des malades
Et la plupart :
des pédophiles !
Des phrases que j’entends
depuis mon enfance.
Jamais on ne parle d’amour.
Et parler de sexe est tabou…
Ma mère exagérait grandement les faits.
Elle amplifiait la situation,
en lien avec sa morale judéo-chrétienne…
Leurs idées sont loin,
très loin des miennes,
mais je sais que je n’ai rien à leur dire.
Je ne suis pas dans leur monde.
Elle continue à massacrer
jusqu’à mon essence même…
et mon père qui ne réagit pas,
comme toujours.
Je m'emporte bien vite…
Les pédés sont tous des malades
Et la plupart :
des pédophiles !
Des phrases que j’entends
depuis mon enfance.
Jamais on ne parle d’amour.
Et parler de sexe est tabou…
Ma mère exagérait grandement les faits.
Elle amplifiait la situation,
en lien avec sa morale judéo-chrétienne…
Leurs idées sont loin,
très loin des miennes,
mais je sais que je n’ai rien à leur dire.
Je ne suis pas dans leur monde.
Elle continue à massacrer
jusqu’à mon essence même…
et mon père qui ne réagit pas,
comme toujours.
Je m'emporte bien vite…
- — D'accord, si vous le dites…
Il n'y a pas que lui sur Terre.
Dans le groupe, je préfère nettement les autres : Jean-Marc, Yvon… eux sont davantage corrects.
- — La vue de Lemire nous en fait douter.
- —Ce n'est pas vrai !
- — Oui, peut-être, mais là, avec tous ces pauvres jeunes…
- — Vous exagérez.
Oui, ce sont pour beaucoup de pauvres types, des minables pour certains…
Il ne faut pas y voir forcément du mauvais…
- — Peut-être pas du mauvais… chez ces gamins… Ils semblent tout de même déjà bien détruits… sûrement par ce Doudou.
- — Tu ne remarques pas ces visages, ces attitudes bizarres ?
- — Ils ne sont pas du même milieu…
- — Tu es bien borné ! s'exclame papa.
Il est grand temps que tu quittes ces scouts, avant que tu ne sois complètement déréglé.
- — Vous pensez qu’ils sont tous homosexuels et vous avez peur que je devienne comme eux ?
- — Cela n’arrivera jamais : nous t’avons bien éduqué !
Tu ne peux pas comprendre ! Ton père et moi pensons d'ailleurs sérieusement qu’il est davantage qu'homosexuel : il est certainement aussi pédophile, ce qui est encore plus grave. Ce n’est plus de la perversion, c’est criminel.
La tension monte, je me bloque.
Refusant tout dialogue supplémentaire, je pars me réfugier dans ma chambre.
J'écoute au plus fort de ma chaîne, Tannhäuser de Wagner… avec le casque !
Je me rends à la messe de B** — seul, de mon côté — avec la mobylette. C’est un des droits accordés dans le système que j’ai trouvé, pour respecter les règles de vie familiales… tout en vivant dans mon propre univers.
Je me cale au fond de l’église, et je bouquine… tranquille sous les yeux du curé.
L'abbé C** est aussi mon professeur de latin. Un personnage original, ami très proche de Herbert von Karajan et de Brigitte Bardot.
Il m’apprécie beaucoup, et semble être un des rares adultes à comprendre ma situation. Les parents peuvent donc toujours vérifier si j’étais présent pour l’office !
À midi, le repas se passe sans un mot au sujet de la soirée et du reste. Mes frères présents ce dimanche, savent monopoliser la discussion avec des sujets peut-être passionnants de religion et de politique…
Sitôt fini, je retourne dans ma chambre en évitant le café au salon.
Les parents semblent avoir accepté mon silence avec résignation. Je lis sur leurs visages davantage de tristesse que de colère.
Ils font réellement de leur mieux… sans rien comprendre.
Dopé par la musique, étourdi par les décibels, j'essaie d'oublier la situation en rédigeant une dissertation dont le sujet me plaît :
“Un auteur peut-il être immortel ?
Que doit-on penser
lorsque certains critiques d'aujourd'hui
nous parlent d'œuvres
qui ont vieilli ?”
Que doit-on penser
lorsque certains critiques d'aujourd'hui
nous parlent d'œuvres
qui ont vieilli ?”
J'attaque alors, mes arguments truffés d'exemples de romans, de pièces de théâtre et de poésie, dévorés chaque jour… L'idée que si le papier jaunit, un texte est en mesure de garder sa première fraîcheur. C'est au lecteur de s'adapter à l'œuvre et à son auteur. Le contraire serait ridicule… Page après page, mes idées s'assemblent, et je termine avec joie la conclusion. Homère n’a pas été oublié ! J’ai même osé dire qu’il était probablement sincère en décrivant les cyclopes et les sirènes. C’était peut-être un bon journaliste de l’époque… un historien de qualité !
Si la professeure est trop cartésienne, cela m’importe peu.
Travail scolaire achevé je n'ai qu'à me coucher au plus vite.
Malgré tout je pense à l'Observance…
Si la professeure est trop cartésienne, cela m’importe peu.
Travail scolaire achevé je n'ai qu'à me coucher au plus vite.
Malgré tout je pense à l'Observance…
Lemire, je ne l'aime pas…
Peut-être est-il pédophile ?
Avec les petits ?
Cela me dégoûte.
Je ne vois pas de vraie attirance possible
d’un adulte pour des êtres
qui ne sont pas achevés.
Cela n’a pas de sens,
sauf si l’adulte est mal dans son corps,
frustré, impuissant…
et qu’il a honte.
Lemire est de ce type de personnage :
un pur 3G !
Gros, Gras, Graisseux… dégoulinant !
C’est si facile de profiter d’enfants alors,
avec son pouvoir de chef.
Minable et dégueulasse…
Avec Yannick ?
C’est sûr qu’ils sont ensemble…
Je m’en moque,
car il est physiquement homme.
Moi je n'aurai jamais eu envie
d'être avec Doudou,
même pour tous les cadeaux du monde,
que Yannick doit sûrement recevoir.
Il est plutôt repoussant !
Même lui faire la bise me répugne.
Dans la chambre à B**…
tous les deux…
je trouve cela écœurant.
Et Yvon, Jean-Marc, Jean-Claude…
ils sont probablement de la même veine !
Plus corrects ?
Je ne sais pas.
Le petit Louis à B**,
doit certainement passer
régulièrement à la casserole,
et il n’est même pas pubère.
C’est bien ça la pédophilie
et cela me met en colère.
Je ne puis pas croire
qu'ils soient tous comme Doudou…
mais c’est criant.
Je n’ai vraiment pas le désir
de rentrer dans leur jeu détestable
qui ne me procure aucune envie.
Cependant,
j'ai trop besoin de retourner là-bas.
C'est important.
C'est nécessaire.
Retrouver le climat mystérieux,
les vieux livres.
Retrouver mes racines chevaleresques
et grandir :
devenir enfin un homme.
À quel prix ?
Ai-je la possibilité de grandir là-bas
sans me faire abîmer ?
Sans abîmer les autres ?
Je suis assez costaud
pour ne pas me faire violer…
Et les autres ?
Savoir ce qui se passe
me rendrait déjà coupable par mon silence…
C’est presque un mensonge
que de ne rien dire.
Peut-être est-il pédophile ?
Avec les petits ?
Cela me dégoûte.
Je ne vois pas de vraie attirance possible
d’un adulte pour des êtres
qui ne sont pas achevés.
Cela n’a pas de sens,
sauf si l’adulte est mal dans son corps,
frustré, impuissant…
et qu’il a honte.
Lemire est de ce type de personnage :
un pur 3G !
Gros, Gras, Graisseux… dégoulinant !
C’est si facile de profiter d’enfants alors,
avec son pouvoir de chef.
Minable et dégueulasse…
Avec Yannick ?
C’est sûr qu’ils sont ensemble…
Je m’en moque,
car il est physiquement homme.
Moi je n'aurai jamais eu envie
d'être avec Doudou,
même pour tous les cadeaux du monde,
que Yannick doit sûrement recevoir.
Il est plutôt repoussant !
Même lui faire la bise me répugne.
Dans la chambre à B**…
tous les deux…
je trouve cela écœurant.
Et Yvon, Jean-Marc, Jean-Claude…
ils sont probablement de la même veine !
Plus corrects ?
Je ne sais pas.
Le petit Louis à B**,
doit certainement passer
régulièrement à la casserole,
et il n’est même pas pubère.
C’est bien ça la pédophilie
et cela me met en colère.
Je ne puis pas croire
qu'ils soient tous comme Doudou…
mais c’est criant.
Je n’ai vraiment pas le désir
de rentrer dans leur jeu détestable
qui ne me procure aucune envie.
Cependant,
j'ai trop besoin de retourner là-bas.
C'est important.
C'est nécessaire.
Retrouver le climat mystérieux,
les vieux livres.
Retrouver mes racines chevaleresques
et grandir :
devenir enfin un homme.
À quel prix ?
Ai-je la possibilité de grandir là-bas
sans me faire abîmer ?
Sans abîmer les autres ?
Je suis assez costaud
pour ne pas me faire violer…
Et les autres ?
Savoir ce qui se passe
me rendrait déjà coupable par mon silence…
C’est presque un mensonge
que de ne rien dire.
Le sommeil ne me gagne que tard dans la nuit.
Je fais des cauchemars les plus aberrants, où Lemire et Yannick sont souvent les tristes acteurs de scènes les plus folles…
Je fais des cauchemars les plus aberrants, où Lemire et Yannick sont souvent les tristes acteurs de scènes les plus folles…
Tous arrivent,
ils sont nus
mais je ne vois pas leur sexe.
Ils rient,
ils hurlent.
Ils me montrent du doigt.
Ils se moquent de moi
qui reste sur la berge
alors qu’ils m’invitent
à me joindre à eux.
Soudain,
un rempart de verges démesurées
me fait une haie d’honneur,
puis arrive Lemire nu…
sous les acclamations
des plus jeunes.
Doudou se présente
avec un pénis microscopique
en érection…
quasiment caché
par un ventre énorme,
prêt à exploser.
Comme fier de lui,
il m’invite à danser.
Je recule,
dégoûté,
et en même temps
je me retiens de rire…
Même les enfants
sont mieux bâtis
que ce monstre…
Ils se jettent tous dans l'eau
qui m'éclabousse et qui me brûle…
ils sont nus
mais je ne vois pas leur sexe.
Ils rient,
ils hurlent.
Ils me montrent du doigt.
Ils se moquent de moi
qui reste sur la berge
alors qu’ils m’invitent
à me joindre à eux.
Soudain,
un rempart de verges démesurées
me fait une haie d’honneur,
puis arrive Lemire nu…
sous les acclamations
des plus jeunes.
Doudou se présente
avec un pénis microscopique
en érection…
quasiment caché
par un ventre énorme,
prêt à exploser.
Comme fier de lui,
il m’invite à danser.
Je recule,
dégoûté,
et en même temps
je me retiens de rire…
Même les enfants
sont mieux bâtis
que ce monstre…
Ils se jettent tous dans l'eau
qui m'éclabousse et qui me brûle…
Trois fois dans la nuit je suis réveillé en sursaut, fiévreux — trempé par la transpiration — le lit en bataille.
J'allume la lumière, pour reprendre mes esprits.
J’écris quelques notes et tente de me rendormir.
Je laisse ma lampe de chevet briller.
J'allume la lumière, pour reprendre mes esprits.
J’écris quelques notes et tente de me rendormir.
Je laisse ma lampe de chevet briller.
Vers le
Chapitre XVIII
Chapitre XVIII
®© Du silence au mensonge,
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Des écrits de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
Pirate des mots et philanalyste en herbe.
Tous droits réservés.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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